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FRAGMENT DE JUSTIFICATION.

On en a fait aux patriotes des reproches sévères. Je répondrai, pour moi, que je ne désirais pas la guerre, que j’aurais voulu pouvoir l’éviter. Mais il était évident que le roi de Hongrie ne la différait que pour se donner le temps de faire ses préparatifs ; que, par la nature du gouvernement nouvellement établi, les nôtres seraient lents et faibles, tant que le peuple ne serait pas certain que toutes les trahisons ménagées dans nos troupes et dans nos villes éclateraient au moment où l’ennemi nous attaquerait avec toutes ses forces ; que, du moins, en nous déclarant sur-le-champ, si la mauvaise volonté de la cour nous empêchait d’avoir des avantages, et surtout de pouvoir protéger et décider l’insurrection des provinces berniques, du moins elle ne nous empêcherait pas de nous mettre dans un état de défense imposante ; qu’enfin la cour ne pourrait ni achever aussi aisément de ruiner la nation par des simulacres de préparatifs, ni la trahir avec une impunité si entière.

L’événement a prouvé la justesse de ces idées ; car si la guerre n’eût pas été déclarée, l’ennemi n’en serait pas moins entré en France le 20 août, et alors il n’eût trouvé que des places sans défense, des armées nulles, et aurait encore décidé partout les trahisons que la cour avait su ménager en sa faveur.

C’est donc en détestant la guerre que j’ai voté pour la déclarer ; c’est parce qu’elle était le seul moyen de déjouer les complots d’une cour conspiratrice. Les patriotes qui auraient voulu qu’avant de combattre, on eût délivré la France d’un roi qui trahissait, ne