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d’hôtel, dans ce Paris encore tout sanglant des massacres de Septembre, il s’est senti « sans plus de défense que dans une forêt où errent des tigres. » Mais surtout il a frémi de voir l’écorce du vieux monde se soulever, comme par la force mystérieuse de quelque éruption volcanique : plus tard il rendra cette inoubliable impression en beaux vers, que M. Legouis a heureusement traduits :
d’hôtel, dans ce Paris encore tout sanglant des massacres de Septembre, il s’est senti « sans plus de défense que dans une forêt où errent des tigres. » Mais surtout il a frémi de voir l’écorce du vieux monde se soulever, comme par la force mystérieuse de quelque éruption volcanique : plus tard il rendra cette inoubliable impression en beaux vers, que M. Legouis a heureusement traduits :



::Oh ! quelle vision de bonheur inouïe
::Oh ! quelle vision de bonheur inouïe
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::Une argile plastique au gré de leur désir.
::Une argile plastique au gré de leur désir.
::L’heure sonnait pour eux de modeler leur songe…
::L’heure sonnait pour eux de modeler leur songe…




Ces impressions violentes et grandioses font du timide et gauche étudiant de Cambridge un lutteur de la pensée, — et le voici qui, de retour en Angleterre, prêche sa foi nouvelle. A l’évêque Watson, qui a, dans un sermon, attaqué la France, il reproche, dans une lettre enflammée, d’avoir « décoché une flèche contre la liberté et la philosophie, qui sont les yeux de la race humaine. » Il se nourrit de Rousseau. Il est plein aussi, à partir de 1793, de William Godwin, c’est-à-dire de Rousseau corrigé par d’Holbach et Helvétius, avec une dose de Hume et de Hartley. Le jacobinisme en politique, le rationalisme en philosophie, ces convictions neuves l’exaltent et l’exaspèrent.
Ces impressions violentes et grandioses font du timide et gauche étudiant de Cambridge un lutteur de la pensée, — et le voici qui, de retour en Angleterre, prêche sa foi nouvelle. A l’évêque Watson, qui a, dans un sermon, attaqué la France, il reproche, dans une lettre enflammée, d’avoir « décoché une flèche contre la liberté et la philosophie, qui sont les yeux de la race humaine. » Il se nourrit de Rousseau. Il est plein aussi, à partir de 1793, de William Godwin, c’est-à-dire de Rousseau corrigé par d’Holbach et Helvétius, avec une dose de Hume et de Hartley. Le jacobinisme en politique, le rationalisme en philosophie, ces convictions neuves l’exaltent et l’exaspèrent.