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et l’on se convaincra facilement qu’elles n’ont rien à voir avec le fait des gens qui assistent à une apparition.

Voici Dagonet qui étudie un malheureux atteint d’un délire compliqué d’idées de suicide. Son malade le supplie, chaque jour, de lui ouvrir le ventre pour en extraire un serpent dont il croyait percevoir les mouvements et éprouver les cruelles morsures. L’infortuné meurt, et, à l’autopsie, Dagonet trouve chez cet homme deux ulcérations situées dans la grande cavité de l’estomac ; l’une d’elles avait amené la perforation de cet organe, et, par suite, la mort subite.

Les affections de l’utérus, ou de ses dépendances, peuvent aussi être le point de départ de certaines formes de délire et donner lieu à des illusions de nature érotique.

Esquirol cite un halluciné qui s’imaginait avoir une bande de voleurs dans son genou ; il disait qu’ils s’y livraient à toutes sortes d’effractions ; il cherchait à les en faire sortir à force de coups de poing. Vérification faite, cet homme était un aliéné qui avait tout simplement de très douloureux rhumatismes.

Ces fausses sensations internes ne sont donc pas, chez les malades, une simple création de leur imagination ; elles ont leur raison d’être ; elles reconnaissent pour origine une altération organique particulière.

Il en est de même pour les illusions qui naissent des sens, ou illusions sensorielles. L’aliéné voit bien quelque chose, entend bien quelque chose ; mais de ses sensations, venues du dehors, il transforme les impressions.

Tel halluciné de la vue aperçoit des diamants par terre ; il les ramasse précieusement ; seulement, en fait de diamants, ce sont des cailloux qu’il ramasse en réalité.

Passons aux illusions de l’ouïe. « Je suis un être réprouvé des hommes et de la création entière, écrit un lypémaniaque ; il n’y a qu’une voix dans la nature pour me le répéter. Quand tout le monde est d’accord, et je l’entends, il n’est plus possible de douter, les oiseaux me le disent tous les jours. » C’était le chant des oiseaux que ce malheureux, vivant à la campagne, transformait en clameur universelle de réprobation.

Les illusions simples sont le plus souvent passagères ; mais il n’en est pas de même des hallucinations proprement dites. Néanmoins, elles ont toujours une cause naturelle.

Un aliéné a eu, pendant de nombreuses années, vingt-cinq, trente ans, des hallucinations de la vue ; après sa mort, ses nerfs optiques ont été trouvés atrophiés dans toute leur étendue.

Un artiste, cité par Romberg dans son Traité des maladies nerveuses, avait souffert de photopsie pendant plusieurs années ; il finit par devenir aveugle ; malgré cela, les éblouissements continuaient jour et nuit, en