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du diable pour disputer contre lui ; la frayeur dont il fut saisi ; sa sueur, son tremblement et son horrible battement de cœur dans cette dispute ; les pressants arguments du démon qui ne laisse aucun repos à l’esprit ; le son de sa puissante voix ; ses manières de disputer accablantes, où la question et la réponse se font sentir à la fois. « Je sentis alors, dit-il, comment il arrive si souvent qu’on meurt subitement vers le matin ; c’est que le diable peut tuer et étrangler les hommes, et sans tout cela, les mettre si fort à l’étroit par ses disputes, qu’il y a de quoi en mourir, comme je l’ai plusieurs fois expérimenté. »

« On doit croire qu’il avait appris de lui beaucoup d’autres choses que la condamnation de la Messe. Dieu, pour la confusion ou plutôt pour la conversion des ennemis de l’Église, a permis que Luther tombât dans un assez grand aveuglement pour avouer, non pas qu’il ait été souvent tourmenté par le démon, ce qui pouvait lui être commun avec plusieurs saints ; mais, ce qui lui est particulier, qu’il ait été converti par ses soins, et que l’esprit de mensonge eût été son maître dans un des principaux points de sa réforme… Si la chose est véritable, ajoute le grand évêque avec la prudence et la réserve qu’imposent de pareilles questions, quelle horreur d’avoir un tel maître ! Si Luther se l’est imaginée, de quelles illusions et de quelles noires pensées avait-il l’esprit rempli ! Et s’il l’a inventée, de quelle triste aventure se fait-il honneur ! »


Voilà donc un cas très particulier et bien caractéristique de l’intervention du démon dans l’existence d’un homme ; et cet homme, il est impossible de le considérer comme un déséquilibré. N’eût-il jamais été en rapports directs avec le diable, que son œuvre n’en apparaîtrait pas moins diabolique. Eh bien, quoiqu’on ne voie chez lui aucune cause d’hallucination, quoiqu’on ne constate en lui aucun des symptômes qui précèdent ou accompagnent ce trouble naturel des sens, les matérialistes concluent, sans preuve, à l’hallucination de Luther, uniquement parce que ses récits démolissent tout leur système.

Mais les pseudo-savants font preuve là d’une cynique mauvaise foi ; car il n’y a guère à se tromper en matière d’hallucination, ou alors il faudrait que le médecin fût dépourvu totalement de cette qualité, pour lui primordiale, qui est d’être un observateur.

L’hallucination, étant chose naturelle, a toujours une cause naturelle. Le médecin pourra être surpris de l’étrangeté de l’illusion de son malade ; mais il finira par découvrir que cette erreur, si bizarre qu’elle soit, repose sur quelque chose, si l’on peut s’exprimer ainsi.

Ainsi, que l’on observe les cas d’illusions internes, dites ganglionnaires,