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d’histoire ! Il ne peut pas y avoir de peuple sans histoire. Il se peut que l’histoire se compose du développement et de la croissance tranquille et silencieuse d’un peuple, mais cela n’en est pas moins une histoire, et elle est pour cette raison même, plus instructive et plus intéressante [1] ». M. John Lubbock a raison ; on peut seulement dire que lui-même paraît trop absorber la sociologie dans ses applications concrètes à ce qu’on nomme les questions sociales ou à la condition économique du peuple. La sociologie proprement dite étudie les lois mêmes de la vie en société, les formes que cette vie peut prendre, la succession de ces formes, en un mot, répétons-le, toutes les conditions d’équilibre et de mouvement dans les divers groupes sociaux. Elle demande des lumières à l’histoire comme aux autres sciences sociales, mais pour leur en rendre à son tour et pour leur donner surtout une unité de principes, de lois et de but. La sociologie donc est bien une science à part ; elle ne se confond pas plus avec l’histoire que la mécanique ne se confond avec la description des divers états du ciel aux diverses époques cosmographiques.

Dans la préface et dans différents études que les Annales contiennent, M. René Worms a fort bien déterminé et il a même, pour son compte, appliqué les règles les plus générales de la méthode en sociologie, règles sur lesquelles on peut dire que l’accord est fait : « 1o considérer tous les phénomènes sociaux comme intimement liés les uns aux autres, sans en omettre aucun dans les recherches ; 2o en l’étude de chacun d’eux, procéder par la méthode objective plutôt que par la méthode subjective, observer, classer, induire, au lieu d’inventer et de construire ; 3o par suite, s’efforcer de bien connaître le monde social tel qu’il est, ce qui, seul, permettra de dire ce qu’il devrait ou devra être ; faire de la science avant de prétendre faire des réformes ; savoir pour agir, mais savoir avant d’agir. »

A l’objet et à la méthode de la sociologie se rattachent, dans le même volume, l’essai de M. Paul de Lilienfeld sur « la méthode organique appliquée à l’étude des phénomènes sociaux », puis le « programme de sociologie » proposé par M. Gumplowiez. Il y aurait, d’ailleurs, de très grandes réserves à faire sur ces deux études, l’une qui exagère la ressemblance des sociétés avec les organismes, l’autre qui prétend réduire la sociologie à une lutte des races ou des groupes sociaux.

  1. Annales, p. 2.