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la période critique où nous nous débattons encore. Cette conception a l’avantage de concilier la notion du progrès avec l’existence des périodes régressives ; mais les divisions tranchées sont impossibles ; il y a toujours en même temps des phénomènes de progression et d’au- tres de régression[1]. Dans nos sociétés. modernes, principalement, on ne saurait s’attendre à une stabilité générale comme celle de l’antique Orient. Les mouvements deviennent de plus en plus rapides et se produisent en tous sens. Stabilité absolue et absolue instabilité seraient d’ailleurs également mortelles.

Le Moyen-Age, à première vue, semble une décadence par rapport à l’antiquité : mais, ce qui constitue en lui un véritable progrès, c’est l’organisation spirituelle si puissamment établie par le catholicisme et qui, du domaine des idées et croyances, passa dans le domaine temporel, politique et social. Notre époque, aux yeux de Comte, n’est encore que critique : la science est en train de détruire l’ancien ordre d’idées et d’institutions, sans avoir pu encore faire surgir le monde nouveau ; mais une époque viendra de science et de philosophie positive, où se produira un nouvel organisme spirituel et social, bien supérieur encore, par sa cohésion, à celui du Moyen-Age et qui en aura tous les avantages sans en offrir les inconvénients. La philosophie scientifique renouvellera, par le savoir positif, les merveilles de la foi transportant les montagnes.

Comte admet finalement une évolution continue du genre humain, qui consiste dans une réalisation toujours plus complète de la nature humaine, et le problème qu’il traite est de trouver l’ordre de cetle évolution[2]. A quoi on a objecté : — Si cette évolution existe, la réalité n’en peut être établie que la science une fois faite. De plus, ce progrès sériaire et continu de l’humanité n’existe pas. Des sociétés particulières, formant des individualités distinctes, naissent et meurent sans que leur chute forme une série géométrique où chaque terme prolonge l’autre[3].

A en croire M. Durkheim, les étapes que parcourt l’humanité ne s’engendrent même pas les unes les autres. « On comprend bien que les progrès réalisés à une époque déterminée dans l’ordre juridique, économique, politique, etc., rendent possibles de nouveaux progrès ;

  1. M. de Greef a insisté sur ces derniers. Voir son Transformisme social.
  2. Durkheim, la Méthode sociologique.
  3. Durkheim, ibid.