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qu’il le suppose. Sans doute, on trouve partout dans la société humaine Vimitation, comme aussi parmi les singes. Et on peut se demander si un singe qui imite ce qu’un homme fait devant lui accomplit, ’pour cela, Pacte fondateur du lien social. Nous en doutons fort. Dans un troupeau de singes, dit M. Tarde, de chevaux, de chèvres, d’abeilles même et de fourmis, le chef donne l’exemple de l’acte qu’il ordonne in petto, et le reste du troupeau limite. — Sans doute, mais, outre la simple imitation machinale, qui n’est qu’un moyen, il y a ici une intention commune d’échapper à un commun danger ou de prendre un commun plaisir, ne füt-ce que le plaisir d’agir ensemble, de crier, de gesticuler, de bondir ensemble, Et c’est ce désir — commun, avec l’idée ou l’image du groupe toujours présent à l’esprit de chaque individu, qui établit entre les individus divers un commencement de lien social ; ce n’est pas le fait brut de limitation. NA Sans vouloir entrer à fond dans l’examen du problème, il nous semble done que la société est constituée indivisiblement par un ensemble de nécessités collectives et par un consentement individuel, plus ou moins implicite, à ces nécessités. Il y a à la fois de l’involontaire et du volontaire dans le lien social, et l’individu doit avoir, fût-ce sous une

forme confuse et inconsciente, le sentiment et l’intention de son lien avec autrui, pour faire vraiment partie d’une société digne de ce nom. Pas de société sans un désir d’union plus ou moins conscient et sans une représentation plus ou moins vague du tout dont on fait partie.

Selon M. Tarde, il y a deux faits psychologiques qui, quand ils passent par imitation d’un individu à l’autre, deviennent des faits sociaux : les croyances et les désirs. Un système de croyances et de désirs imilés et propagés, voilà ce qui constitue le fond même de la sociologie ; mais les croyances et les désirs mêmes qui en dérivent ou s’y joignent ont leurs lois logiques ; il y a donc une logique sociale, par laquelle s’expliquent une multitude de phénomènes sociaux, qui même se retrouve dans tous les phénomènes sociaux, comme une de leurs conditions les plus essentielles.

C’est l’étude de cette logique, de ses lois et de leurs principales applications que M. Gabriel Tarde a tentée dans son dernier livre sur la Logique sociale. Entreprise nouvelle et de haute importance ; ce serait déjà un mérite de l’avoir conçue ; à plus forte raison en est-ce un, que de l’avoir, en partie, menée à bonne fin avec un talent très supérieur, un savoir étendu et varié, une ingéniosité d’esprit qui va jusqu’à une subtilité souvent nécessaire, une vaste imagination qui