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M. Gumplowiez pose très bien l’objet propre de la sociologie, ou, comme il dit, le « processus naturel » qu’elle doit étudier pour sa part et qui n’est l’objet d’aucune autre science. « Ce sont, dit-il, les mouvements des groupes humains et les influences exercées par eux réciproquement qui constituent le processus naturel formant l’objet de la sociologie. » Mais de cette définition générale, qui est. acceptable, le savant autrichien passe tout d’un coup à celte conclusion inattendue, incomplète, qui est une mutilalion systématique de l’objet de la sociologie : « Chaque groupe humain, dit-il, tend à s’assujettir d’autres groupes afin d’améliorer, par les services de ceux-ci, son propre bien-être ». Selon M. Gumplowiez, ce sont « les actions et réactions des groupes conquérants et conquis », qui constituent l’objet de la sociologie. A nos yeux, C’est restreindre arbitrairement le lien social que d’y voir un simple vinculum imposé par la force. N’y a-t-il dans la société aucun lien de sympathie, d’imitation, de suggestion mutuelle ? N’y a-t-il aucun phénomène d’attraction pacifique, soit entre les sensibilités, soit entre les intelligences, soit entre les volontés ? Tout se réduit-il à la lutte des races et à la guerre ? M. Gumplowiez nous donne un exemple de l’esprit de système poussé à son dernier degré d’exclusivisme ; quelque talent qu’il apporte à soutenir son point de vue propre, quelque vérité partielle qu’il y ait dans son étude de l’élément de lutte sociale, on ne saurait lui accorder que l’idée de coopération et d’union ne soit pas encore plus fondamentale, au point de constituer l’idée sociale elle-même. La lutte est, au fond, anti-sociale, quoique ses effets puissent être finalement utiles. M. Gumplowicz prend pour l’essence de la société ce qui en est la limitation et la négation partielle. Ce qui unit les hommes, non ce qui les désunit, voilà ce qui fait d’eux une société véritable. Dans son ingénieux essai sur la Justice et le Darwinisme, M. Jacques Novicow abuse encore, selon nous, de l’idée de la lutte, dans laquelle il fait tout rentrer ; il abuse aussi de ce qu’il y a d’ambigu dans cette expression générale : le triomphe des meilleurs.

M. Georges Simmel, un des meilleurs sociologistes d’Allemagne, a apporté aux Annales une bonne contribution sur « l’influence du nombre des unités sociales sur les caractères des sociétés. » M. Kovalewsky nous écarte un peu de la sociologie proprement dite, dans sa très savante étude sur le préhistorique en Russie ; M. Galton nous en rapproche davantage en étudiant les déviations physiques et mentales des enfants dans les écoles publiques ; M. Fiamingo


aborde la question des « sans-travail » et M. Enrico Ferri, celle du socialisme, qu’il confond très mal à propos avec la sociologie. M. Tœn