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Chez lui apparaîtra dans tout son jour, ou plutôt dans toutes ses voies ténébreuses, l’action de l’esprit du mal, par une spéciale permission de Dieu, visible et tangible. On pourrait lui opposer la sublime Jeanne d’Arc, en qui rayonne dans toute sa pureté et sa splendeur l’intervention divine ; mais ceci nous mènerait trop loin.


S’il y eut dans les temps modernes une révolution religieuse à laquelle le démon ne put rester indifférent, ce fut assurément la Réforme opérée par Luther ; on peut dire à priori qu’il y eut sa part et fut pour beaucoup dans son origine, sa genèse et ses progrès. Mais si l’on vient à considérer de près l’histoire de cette hérésie, on est profondément frappé du rôle que le diable a joué dans la vie de son auteur, et de l’importance exceptionnelle que Luther lui-même lui attribue dans les nombreux écrits où il répandait son âme et écrivait, pour ainsi dire, au jour le jour, ses Mémoires spirituels.

« Les relations intimes de Luther avec le diable, disent en chœur nos pseudo-savants, hallucinations ! »

La seule réponse à faire à ces hallucinés d’hallucination, c’est de leur mettre sous les yeux le texte même de Luther ; et ceux qui, après l’avoir entendu, persisteraient dans cette opinion, seraient eux-mêmes les plus hallucinés des hommes.

En tout cas, on pourrait dire à ces incrédules : — Eh quoi ! vous croyez Luther lorsqu’il attaque l’Église catholique, lorsqu’il s’insurge contre toute autorité visible, lorsqu’il maudit le célibat et la virginité, lorsqu’il ouvre, avec la liberté d’examen, la porte à toutes les erreurs, à toutes les passions ; et le seul point sur lequel vous refuseriez de le croire, c’est lorsqu’il vous dit qu’il a vu et entendu le diable, qu’il a conversé avec lui, et qu’il lui doit le meilleur de son œuvre ?… » Avouez que voilà une singulière logique !… Il est vrai que, dans son apostasie du catholicisme, il restait à Luther quelque chose qui vous sépare de lui, la foi au surnaturel, à l’action du démon sur l’âme humaine. Mais cette foi elle-même n’était pas sans quelque alliage diabolique ; elle avait en grande partie sa raison d’être dans l’immense orgueil du sectaire ; comme nous le verrons, le démon était parvenu, en triomphant de lui, à lui persuader que lui, Satan, n’était que son esclave et sa victime.

Si Luther était un halluciné, il le fut toute sa vie ; car il ne cessa, surtout depuis le moment où il abjura sa foi, d’entretenir avec le démon les relations les plus familières, les plus intimes. Il commença à faire connaissance avec lui dans sa cellule de Wittemberg.

« Une fois, dans notre cloître à Wittemberg, raconte-t-il, j’ai entendu distinctement le bruit que faisait le diable. Comme je commençais à lire le psautier, après avoir chanté matines, que j’étais assis, que j’étudiais et