« Rational (Durand de Mende)/Volume 2/Sixième livre/Chapitre 003 » : différence entre les versions

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Traduction par Charles Barthélemy.
Louis Vivès (volume 3p. 166-177).


CHAPITRE III.
DU PREMIER DIMANCHE DE L’AVENT DU SEIGNEUR.


I. Le premier dimanche de l’Avent, qui est le quatrième si l’on prend Noël pour point de départ, et auquel commence l’office de l’Avent, d’après quelques-uns, se rapporte aux hommes spirituels. C’est pourquoi, ce dimanche-là, on change le chant. Le dimanche précédent, qui est le cinquième avant Noël, a trait aux hommes du siècle, comme on l’a dit dans le précédent chapitre. Aux hommes spirituels se rapportent les deux petits versets, dont l’un se dit à vêpres, et c’est Rorate, cœli, desuper, « Cieux, faites tomber sur nous votre rosée ; » l’autre se dit à matines, et c’est le Vox clamantis in deserto. Dans le premier, on montre ce que les hommes spirituels doivent faire ; dans le second, ils exécutent ce qui leur a été montré. Ce sont eux qui sont les cieux d’où dégoutte la rosée (rorantes) et les nuées d’où s’échappe la pluie {pluentes) ; la rosée est plus fine, la pluie plus épaisse. Ils laissent dégoutter la rosée, quand ils parlent d’une manière subtile et délicate touchant l’incarnation du Sauveur ; par exemple, quand ils disent : Et verbum caro factum est, et autres choses semblables ; ils laissent s’échapper la pluie (sunt pluentes) quand ils disent des choses plus communes, c’est-à-dire plus accessibles à l’intelligence, comme lorsqu’ils disent que Marie fut fiancée à Joseph, que l’enfant naquit à Bethléem et fut couché dans une crèche, et autres choses semblables. C’est par eux que la terre ouvre son sein et qu’elle enfante son Sauveur. Dans le sens littéral, la terre est la vierge Marie, qui, s’entr’ouvrant, pour ainsi dire, quant à la foi du cœur, conçut et enfanta le Sauveur, sans que sa virginité en souffrît la moindre atteinte. Mais, dans le sens moral, la terre est le cœur humain, que les hommes spirituels ouvrent par leur prédication, afin qu’il enfante le Sauveur, c’est-à-dire afin que le Christ soit reformé dans leur cœur, d’après ces paroles de l’Apôtre : « Vous êtes mes petits enfants, que j’enfante de nouveau, jusqu’à ce que le Christ soit reformé en vous. » Ce sont eux qui sont « la voix de celui qui crie dans le désert, » c’est-à-dire dans le monde : « Préparez la voie du Seigneur, rendez droits ses sentiers. » La voix, ce sont les œuvres ; les voies sont nos pensées, que nous devons préparer dans l’Avent ou pour l’avènement du Sauveur. Cette préparation est désignée dans l’oraison qui suit, ce jour là, la post-communion à la messe : Suscipiamus, Domine, misericordiam in medio, etc., et qui finit ainsi : congruis honoribus prœcedamus, « préparons-lui les honneurs qu’il mérite. » Donc, préparer la voie, c’est faire pénitence, c’est prêcher la pénitence ; rendre les sentiers droits, c’est pratiquer ce qui est de conseil, après avoir accompli ce qui est de précepte. Or, tout l’office du matin de ce dimanche se rapporte au premier avent, comme nous l’avons dit ci-dessus ; car on lit dans Isaïe, qui parle de l’Avent d’une manière plus évidente que tout autre prophète, au chapitre ii : Ecce mons, etc., et dans le premier chapitre il parle de la méchanceté des Juifs.

II. Le premier répons est : Aspiciens a longe, qui est du premier avent ; il n’est extrait d’aucun livre de théologie, ni compilé dans saint Grégoire, l’ordonnateur de l’office du matin ; mais il vient probablement d’un de ses moines, ce qui paraît certain, puisque l’on ne le trouve pas dans le corps de la semaine ; mais on y trouve tous les autres répons, dont l’auteur est saint Grégoire ; et, si on objecte qu’en retranchant ce répons il n’en reste plus que huit à ce dimanche, nous répondrons qu’il y en a neuf en comptant celui-ci : Ecce dies veniunt, qui, d’après la disposition et l’ordonnance de saint Grégoire, est le neuvième et se chante aux vêpres du samedi précédent. Or, on chante ce répons dans la personne de Jean-Baptiste ou de l’Épouse, disant : « Regardant de loin, » c’est-à-dire de la terre aux cieux, « je vois la puissance de Dieu qui s’approche ; » et quoique la puissance soit spécialement attribuée au Père, cependant, en cet endroit, par puissance on doit entendre la puissance du Fils de Dieu, à qui tout pouvoir a été donné dans le ciel et sur la terre, qui est le Seigneur puissant dans le combat, et à qui le Prophète s’adresse en disant : « Ceins-toi les reins de ton épée, ô toi dont la puissance surpasse toute puissance ! » Il est venu et s’est montré à la terre, qu’il a couverte tout entière d’une nuée. Cette nuée est la miséricorde de Dieu, qui donne du rafraîchissement contre l’ardeur des vices. C’est dans ce nuage qu’est entré Moïse lorsqu’il est monté sur le Sinaï pour recevoir la loi. C’est ce nuage qu’entendait saint Pierre lorsque, voyant au sein d’une nuée brillante le Seigneur, Moïse et Elie, il dit : « Faisons ici trois tentes. » C’est cette nuée qui guidait le peuple dans le désert et le garantissait du feu. C’est la vertu du Très-Haut qui a couvert la Vierge de son ombre et qui couvre toute la terre, parce que la terre est pleine de la miséricorde du Seigneur. Cette nuée est encore l’humanité du Fils de Dieu, qui sauve tout le monde, car le remède de tout consiste dans l’approche et la venue rapide de cette nuée. Ce nuage peut s’entendre aussi de l’infidélité ou de l’ignorance.

III. Car l’homme ignorait Dieu, il s’ignorait lui-même ; il ne connaissait pas le sol de la patrie et ne savait point que la concupiscence est un péché. Ce nuage planait sur toute la terre, parce que tous les hommes s’étaient détournés de leur voie et étaient devenus inutiles. « Allez au-devant de lui et dites-lui : Déclare-nous si tu es celui qui doit régner sur le peuple d’Israël. » Jean répondit aux disciples, entre autres choses semblables : « Préparez la voie du Seigneur. » Et dans la personne des disciples, il dit, en s’adressant au Christ : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Allez au-devant de l’Époux, c’est-à-dire par la voie de la charité, et dites-lui : Annonce-nous ; comme si l’on s’exprimait ainsi : Revèle-nous par ta présence si tu es le Messie promis dans la loi, et si tu dois régner sur le peuple d’Israël.

IV. Ordinairement, dans certaines églises, le premier répons a trois versets, comme le premier de la Nativité du Seigneur : Premièrement, pour marquer que cet avènement du Seigneur sauva les hommes des trois époques, c’est-à-dire ceux qui vécurent avant la loi, ceux qui sous la loi, ceux qui dans le temps de la grâce. C’est pourquoi aussi il se fait dans l’antienne trois répétitions : la première, depuis l’endroit le plus éloigné jusqu’à la fin ; la seconde, depuis le milieu ; la troisième, à partir de l’endroit le plus proche, pour montrer que les Pères de la première époque furent plus éloignés de l’avénement du Christ que les Pères de la seconde et de la troisième époques, et que les Pères de la seconde époque en furent plus éloignés que les Pères de la troisième. Ensuite on recommence le répons, pour marquer le désir et signifier que nous devons rapporter la fin et le principe des bonnes œuvres à Celui qui est Talpha et l’oméga (xxxv distinctione Ab exordio). Enfin, auxdits versets on ajoute Gloria Patri, parce que tout désir et tout devoir doivent se rapporter à Dieu en trois personnes ; et ici on ne répète pas une partie du répons, mais tout le répons, parce qu’après la vie présente toutes œuvres cesseront, et alors le Seigneur sera tout pour tous ; il sera la consommation et la suffisance de tous.

V. Secondement, ledit répons a trois versets et une doxologie, pour désigner les quatre avènements, dont nous avons déjà parlé dans le précédent chapitre, et pour désigner les quatre époques, c’est-à-dire le temps avant la loi, le temps de la loi, le temps des prophéties et celui de la grâce. Car l’Église, s’adressant à tous les hommes qui vécurent avant la loi et dont un petit nombre suivit le culte d’un seul Dieu, dit d’abord le verset Quinque terrigenœ, etc., c’est-à-dire : « vous tous, mauvais, bons, riches et pauvres ! allez au-devant de lui et dites-lui : Déclare nous si tu es celui qui doit régner sur le peuple d’Israël. » Dans le second verset, elle parle au nom des hommes qui vécurent sous la loi, dans laquelle se trouva quelque imperfection, parce qu’elle fut donnée à des malades ; elle s’adresse au législateur lui-même : Qui regis Israël, intende, « Toi qui gouvernes Israël, révèle-toi ; » comme si elle disait : « Toi qui diriges le peuple d’Israël avec la loi qui t’a été donnée, et qui, comme un pasteur, conduis tes brebis, dis-nous si tu es celui qui doit régner sur le peuple d’Israël. » Dans le troisième verset, déjà certains de l’avènement du Sauveur par les prédictions des prophètes, ils poussent ce cri de désir : « Réveille ta puissance et viens, toi qui dois régner sur le peuple d’Israël. » Dans d’autres églises, le troisième verset est celui-ci : Tollite portas, « Ouvrez les portes. » Dans le quatrième, on rend grâces de son avènement au Sauveur qui a daigné venir ; de plus, on dit Gloria Patri en l’honneur de toute la Trinité.

VI. Troisièmement, le répons a trois versets, parce que la loi, les psaumes et les prophètes ont annoncé cet avènement du Sauveur.

VII. Quatrièmement, les trois versets désignent les Pères des trois enfants. Les Pères d’avant la loi ont prévu l’Avent, les Pères de la loi l’ont désiré, les Pères du temps de la grâce l’ont prêché. Donc Jean-Baptiste ou l’Église dit : « Vous, ô Pères qui vécûtes avant la loi ! enfants de la terre, fils de ce siècle, riches ou pauvres, allez au-devant de lui. » Elle appelle enfants de la terre les méchants qui s’attachent aux biens terrestres, et enfants des hommes les bons riches, auxquels elle réunit ceux qu’elle avait nommés enfants de la terre, par rapport aux pauvres appelés enfants des hommes. « Vous tous donc, c’est-à-dire vous tous, enfants de la terre, qui êtes riches en malice ; et vous, enfants des hommes, pauvres d’esprit, qui ne faites qu’un même corps ; agneaux et boucs d’une même bergerie, allez au-devant de lui, afin qu’en vous, méchants, il fasse son entrée, et que vous, qui êtes bons, il vous fasse progresser encore dans le bien. » Vous aussi. Pères qui vécûtes sous la loi, dites ces paroles : « Toi qui régis Israël, révèle-toi ; toi qui conduis Joseph comme une brebis, dis-nous, etc. ; » toi qui régis Israël, c’est-à-dire le peuple Juif, éclairé par la doctrine de la loi du Seigneur ; qui conduis par ta vertu, comme une brebis, l’innocent Joseph, c’est-à-dire le peuple Gentil, accru et mortifié, tel que le froment qui pourrit dans la terre pour se propager et s’accroître ; intende, révèle-toi à nos yeux, c’est-à-dire verse sur nous la lumière de ta grâce et dis-nous : Nuntia nobis, etc. Et vous, Pères de la loi de grâce, dites : « Ouvrez vos portes, princes ; portes éternelles, ouvrez-vous, et le Roi de gloire entrera, etc., » qui regnaturus, etc., « lui qui doit régner, etc. » princes ! ô puissances de l’air ! etc. ; et vous, ô race de vipères ! enlevez, c’est-à-dire faites disparaître la porte de la mort, c’est-à-dire les vices au moyen desquels le diable s’introduit dans les cœurs. O portes éternelles ! c’est-à-dire vertus qui conduisez à l’éternité, élevez-vous contre les vices, et par vous entrera le Roi de gloire, en vous habitera celui qui doit régner sur le peuple d’Israël. » Et remarque qu’au troisième verset on ne répond pas : Nuntia nobis, parce que les Pères du Nouveau-Testament sont assurés de l’avénement du Christ ; les Pères du temps de la grâce sont certains de l’entrée du Roi de gloire. Mais, comme la foi à l’incarnation ne suffit pas et ne suffira jamais sans la foi à la Trinité, c’est pourquoi on chante après le Gloria Patri, et Filio, et Spiritui sancto ; et parce que celui qui est venu revêtu de l’humanité viendra encore revêtu de la majesté, c’est pourquoi on répète encore une fois le répons. Or, dans la répétition, il faut prendre à la lettre le mot nebulam, d’après ces paroles : « viendra sur les nuées du ciel, » et celles-ci : « Il fut enveloppé comme d’un nuage, » et ailleurs : « Les nuées et les ténèbres l’environnent. »

VIII. Le second répons est celui-ci : Aspiciebam in visu noctis, que saint Grégoire tira de Daniel (c. vii), prophétisant par ces paroles la venue du Christ, et par ces paroles le mystère de l’incarnation du Verbe, qui, dans le principe, était en Dieu, vision qu’il exprime ainsi : Aspiciebam in visu, aut visione noctis, etc. : « J’apercevais en vision, à travers les ténèbres de la nuit. »

IX. Or, il y a trois visions, c’est-à-dire la vision de la nuit avant la grâce, la vision du jour sous la grâce, la vision de la lumière dans la gloire. Les patriarches et les prophètes, qui étaient sous la nuée, ont vu à travers les ténèbres de la nuit, comme le prouve Daniel, qui vit ces merveilles dans une vision nocturne. Les apôtres les virent en plein jour, eux à qui apparut ostensiblement l’humanité du Christ. Les enfants de Dieu les verront au sein de la lumière et face à face. La Vérité, dans l’Évangile, insinue cette distinction, en disant : « Abraham a désiré ardemment de voir mon jour, il l’a vu et a été transporté de joie ; » et ensuite : « Un grand nombre de rois et de prophètes ont voulu voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu. » Suivent ces mots du répons : Et ecce in nubibus cœli Filius hominis veniebat, « Et voici que le Fils de l’homme venait sur les nuées du ciel. » La nuée du ciel, c’est la chair du Verbe, d’après Isaïe, qui dit : « Le Seigneur est monté sur une nuée légère, et à lui ont été donnés le règne et l’honneur, » c’est-à-dire son nom, qui lui a été donné de toute éternité, mais qui a été manifesté dans le temps, et ce tout peuple, toute tribu et toute langue lui seront soumis ; » car, comme le dit Isaïe, « tout genou fléchira devant le Seigneur, et toute langue confessera le Seigneur » (jurera dans le Seigneur).

X. Le troisième répons est : Missus est angelus Gabriel, « L’ange Gabriel fut envoyé. » Ce sont les termes dans lesquels saint Luc rapporte l’annonciation.

XI. Le quatrième est : Ave, Maria, gratia plena, « Je te salue, Marie, pleine de grâces, » termes par lesquels le même saint Luc relate ensuite le mode de conception de Marie ; il dit : « L’Esprit saint surviendra en toi, et la vertu du Très-Haut te couvrira de son ombre ; il surviendra en toi en te protégeant et te purifiant de toute souillure, et ensuite la vertu du Très-Haut, c’est-à-dire le Verbe de Dieu, t’ombragera en prenant sa chair dans ton sein, car ce qui naîtra de toi est saint et sera appelé le Fils de Dieu. » En effet, le Christ, qui n’a pas été conçu par le concours de l’homme, naît et est appelé avec raison Fils de Dieu. Suit le verset Quomodo in me fiet istud ? « Comment cela se fera-t-il en moi ? » Il y a ici comme deux sens et deux dictions sous une seule expression, savoir, le sens interrogatif et le sens admiratif.

XII. Le cinquième répons est : Salvatorem, dans lequel l’incarnation est confirmée par l’Apôtre. Le sixième est : Ecce virgo concipiet, « Voici qu’une vierge concevra. » Le septième : Ecce dies veniunt, « Voici que les jours arrivent ; » et dans ce répons la même chose est confirmée encore par les prophètes.

XIII. Le huitième est : Obsecro, Domine, dans lequel la même chose est aussi prouvée par la loi. Le neuvième est : Audite verbum, où l’incarnation est annoncée par les prophètes.

XIV. Matines et laudes comprennent les deux avènements dans leur office : car il ne peut être question de l’un sans qu’il vienne s’y mêler quelque chose de l’autre ; il est un peu question du second, afin qu’au milieu de la joie que nous concevons notre espérance ne dégénère point en présomption. La première antienne, qui est prise à la fin de Joël, s’entend évidemment du premier avènement ; il y est dit : In illa die, « En ce jour-là, » c’est-à-dire quand le Messie est venu ; montes, « les montagnes, » c’est-à-dire les apôtres ou les grands prédicateurs, feront couler le miel, c’est-à-dire la douceur de la parole de Dieu ; les collines, semblables aux petits prédicateurs, feront couler le lait, c’est-à-dire le lait de la simple doctrine, pour les petits et pour les grands. La seconde, c’est-à-dire Jucundare, est tirée en partie d’Isaïe, en partie de Zacharie. Car alors Sion s’est réjouie, suivant Zacharie, c’est-à-dire l’Église des Juifs ; et Jérusalem s’est réjouie, c’est-à-dire l’Église des Gentils. La troisième, c’est-à-dire Ecce Deus veniet, appartient au second avènement, c’est-à-dire à l’avènement dans la majesté. La quatrième est celle-ci : Omnes sitientes. Car alors tous, c’est-à-dire ceux de toute nation qui auront soif, c’est-à-dire de la doctrine du salut et de la science, sont venus, suivant Isaïe, aux eaux du baptême et de la doctrine. La cinquième est : Ecce veniet propheta magnus, et ipse renovabit Jerusalem : « Voici que viendra un grand prophète, et il renouvellera Jérusalem, » c’est-à-dire en donnant une loi et en ordonnant de nouveaux préceptes. Pendant ce temps, on dit aux heures le capitule suivant d’Isaïe (c. ii) : Egredietur virga, etc., et celui-ci de Jérémie (c. xxiii) : In diebus illis ; puis : Erit in novissimis, d’Isaïe (c. ii) ; Ecce virga, du même prophète (c. vii) ; et Venite ascendamus, encore du même (c. ii).

XV. A la messe, l’introït est : Ad te levavi, etc., parce que c’est surtout notre espérance qui se ranime par l’avènement du Seigneur dans la chair. « Car Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique. » Et ensuite : « Il n’a pas épargné son propre Fils, etc. » Et remarque que si quelques-uns sont réveillés, il y en a d’autres pourtant qui sont plongés dans la torpeur du sommeil. C’est pourquoi le chantre, en commençant Ad te levavi animam meam, procède en conduisant sa voix du ton le plus bas au diapason le plus élevé ; ce qui est le propre de celui qui veut en éveiller un autre, et ce qui est encore indiqué dans l’épître, où l’on dit : Hora est nos jam de somno surgere, « C’est maintenant l’heure de sortir de notre sommeil. » Vient ensuite le petit verset : Vias tuas Domine demonstra mihi, « Seigneur, montre-moi, fais-moi connaître tes voies ; » parce que le Christ, à son avènement, nous a montré ses voies, ce qui fait dire à Isaïe : Erit mons domus Domini, etc., « La maison du Seigneur sera une montagne (bâtie ou élevée comme une montagne), etc. » Venite, ajoute-t-il, ascendamus in montem Domini ; « Venez, gravissons la montagne du Seigneur ; » et ad domum Dei Jacob, « montons à la demeure du Dieu de Jacob, » et docebit nos vias suas, « et il nous enseignera ses voies. » Or, l’épître aux Romains, chapitre xiii, nous montre quelles sont ces voies. Scientes quia nunc hora est de somno surgere, « Sachant qu’il est l’heure de sortir de notre sommeil. » L’Apôtre, en disant ensuite : Nox processit, dies appropinquavit : « La nuit s’est avancée dans sa carrière, et le jour s’est approché, » indique l’effet, parce que le jour existe quand le soleil a paru. Et c’est pourquoi il continue ainsi : Ut in die honeste ambulemus, « Afin que pendant le jour nous marchions dans les sentiers de la droiture, » c’est-à-dire en faisant toutes sortes de bonnes œuvres, et que nous devenions semblables au Christ, notre modèle, pour qu’ainsi (continue l’Apôtre) nous soyons les enfants de Dieu, parce que le Fils de Dieu s’est fait homme pour que l’homme devînt fils de Dieu. Les oraisons se rapportent au premier avènement, et peuvent aussi convenir au second. Après suit le répons, qui montre l’espérance que nous avons conçue au lever du soleil : Universi qui te expectant, etc. ; suivent Alleluia et Ostende, parce que le Seigneur nous a montré son visage, qui sauve celui qui le contemple. Ainsi, lorsque le Seigneur eut dit à l’aveugle : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » celui-ci répondit : Rabboni, « Maître, fais que je voie. » Les hommes, auparavant, ne pouvaient voir ce visage, parce qu’ils étaient ensevelis dans la région de l’ombre de la mort ; mais la lumière a brillé à leurs yeux, et ils peuvent voir. Or, voici le sens de ces mots : Ostende nobis, Domine, faciem tuam, « Fais-nous connaître ton visage. Seigneur ; « c’est-à-dire, donne-nous ta connaissance, ô Seigneur !

XVI. Car le visage du Seigneur, dont il est parlé dans les saintes Écritures, n’est pas un visage de chair, mais on entend par là la connaissance de Dieu ; car c’est en regardant quelqu’un au visage qu’on le connaît. Vient ensuite, dans quelques églises, l’évangile de saint Mathieu : (c. xxi), Cum appropinquasset, etc., qui se rapporte à la passion dans le sens littéral.

XVII. Cet évangile se rapporte à la passion dans le sens allégorique et spirituel. Car alors le Seigneur vint à Jérusalem par Bethphagé, qui est interprété domus buccœ, « la maison du pain, » c’est-à-dire vers l’Église, qui était petite, et dans laquelle le Seigneur apparut par la confession ; il traversa aussi, pour y aller, le mont des Oliviers, qui désigne l’éminence de la miséricorde par où le Fils de Dieu est venu dans le monde. Et il envoya ses disciples, leur disant : Allez vers la bourgade, c’est-à-dire dans le monde, et vous trouverez une ânesse et son ànon, c’est-à-dire le peuple juif, peuple à la tête dure, et le gentil, libre du joug de la loi. Ensuite, par ces animaux, il a montré ses voies, parce qu’ils sont humbles ; et il a dit, dans l’évangile de saint Mathieu : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur. » C’est pourquoi on lit encore des mots du passage susdit de l’évangile : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, » qui concerne le premier avènement (avec le reste). Dans d’autres églises on lit : Cum appropinquaret Jesus, qui se dit le dimanche des Rameaux. Dans d’autres encore, on lit l’évangile Principium Evangelii Jesu Christi, qui est de saint Marc (c. i), à cause de ces paroles : Ecce ego mittam angelum meum ante faciem tuam, etc. : « Voici que j’enverrai mon ange, qui précédera ta face. » Et remarque que dans le texte de l’évangile il n’y a pas principium, mais initium ; mais l’Église met principium, parce que, en lisant l’évangile, elle a commencé de mettre ce titre : Initium sancti Evangelii ; et elle en agit de la sorte pour éviter une répétition. Dans quelques églises on lit aussi Erunt signa, de saint-Luc (c. xxi), qui se rapporte au second avènement, et où il st dit : Prope est regnum, « Le royaume de Dieu est proche. » On y adapte l’épître Propior est nostra salus, quia prope est regnum Dei, « Notre salut s’approche, parce que le royaume de Dieu est proche. » C’est pourquoi le chantre, ou le vieil homme, DU Jean-Baptiste, suivant quelques-uns, disent : « J’ai élevé mon ame vers toi, ô mon Dieu ! c’est pourquoi montre-moi tes voies, ô mon Dieu ! » et dans le répons : « Montre-nous, Seigneur, ta miséricorde ; » puis l’Alleluia ; puis, comme certains de la miséricorde du Seigneur, ils concluent ainsi à la postcommunion : Le Seigneur nous accordera ses faveurs, c’est-à-dire de bons sentiments, et notre terre, c’est-à-dire notre chair, donnera son fruit, c’est-à-dire produira de bonnes œuvres.