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Examine en détail chacune de tes actions et demande-toi si l’obligation d’y renoncer te rend la mort redoutable.
Examine en détail chacune de tes actions et demande-toi si l’obligation d’y renoncer te rend la mort redoutable.


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Quand tu te heurtes à la faute d’un autre, détourne-toi d’elle pour observer les fautes semblables que tu commets : par exemple si tu considères comme un bien l’argent, le plaisir, la gloire, ou autre chose de ce genre. Cet examen te fera vite oublier ta colère ; tu reconnaîtras que cet homme subit une violence : que pourrait-il donc faire ? Ou, si tu le peux, délivre-le de ce qui lui fait violence.

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Quand tu vois Satyrion, imagine-toi un Socratique, Eutychès ou Eumène ; quand tu vois Euphrate, imagine-toi Eulychion ou Silvanus ; quand tu vois Alciphron, imagine-toi Tropéophore ; en voyant Xénophon, pense à Criton ou à Sévérus ; en te considérant toi-même, figure-toi quelqu’un des Césars, et, à propos de chaque personne, celle à qui elle ressemble. Que cette réflexion te vienne ensuite à l’esprit : Où sont-ils ? Nulle part, ou n’importe où. En t’appliquant à regarder ainsi les choses humaines, tu verras qu’elles ne sont qu’une fumée, un rien, surtout si tu te rappelles que ce qui a une fois changé ne reparaîtra plus dans la durée infinie. Pourquoi donc te
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<section begin="notes"/>{{bloc|1. [C’est-à-dire de l’ignorance. — Cf. ''supra'' VII, 63.]

2. [La plupart de ces noms propres nous sont inconnus : deux ont été restitués par conjecture : Satyrion, au lieu de Satyron, et Eumène, au lieu d’Hymen. Euphrate est un philosophe égyptien, contemporain d’Épictète ; Alciphron est l’épistotographe, ou un philosophe de Magnésie ; Criton, l’ami de Socrate. Sur Sévérus, cf. ''supra'' I, 14.]


Quand tu te heurtes à la faute d’un autre, détourne-toi d’elle pour observer les fautes semblables que tu commets : par exemple si tu considères comme un bien l’argent, le plaisir, la gloire, ou autre chose de ce genre. Cet examen te fera vite oublier ta colère ; tu reconnaîtras que cet homme subit une violence : que pourrait-il donc faire ? Ou, si tu le peux, délivre-le de ce qui lui fait violence<ref>[C’est-à-dire de l’ignorance. — Cf. ''supra'' VII, 63.]</ref>.
3. [Je ne considère pas qu’ici {{lang|grc|ἢ}} sépare deux alternatives : la première eût été, suivant l’usage de Marc-Aurèle, annoncée par {{lang|grc|ἤτοι}}. Le sens de « ou » est tel, dans la traduction de cette phrase, qu’on pourrait le remplacer par « et ». Qu’on admette la dispersion ou le retour à la raison séminale, nos éléments, après la mort, seront partout, et nous-mêmes ne serons plus nulle part. Il y a, il est vrai, une autre hypothèse que Marc-Aurèle a parfois considérée comme plausible, et d’après laquelle nous serions transportés dans les espaces aériens, et survivrions pendant un certain temps (''supra'' IV, 21). Ni les mots « nulle part », ni les mots « n’importe où » ne conviennent à cette hypothèse, que Marc-Aurèle semble bien, pour le moment, avoir rejetée.]


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4. [Même expression, ''infra'' XII, 27 et 33.]


Quand tu vois Satyrion, imagine-toi un Socratique, Eutychès ou Eumène ; quand tu vois Euphrate, imagine-toi Eulychion ou Silvanus ; quand tu vois Alciphron, imagine-toi Tropéophore ; en voyant Xénophon, pense à Criton ou à Sévérus<ref>[La plupart de ces noms propres nous sont inconnus : deux ont été restitués par conjecture : Satyrion, au lieu de Satyron, et Eumène, au lieu d’Hymen. Euphrate est un philosophe égyptien, contemporain d’Épictète ; Alciphron est l’épistotographe, ou un philosophe de Magnésie ; Criton, l’ami de Socrate. Sur Sévérus, cf. ''supra'' I, 14.]</ref> ; en te considérant toi-même, figure-toi quelqu’un des Césars, et, à propos de chaque personne, celle à qui elle ressemble. Que cette réflexion te vienne ensuite à l’esprit : Où sont-ils ? Nulle part, ou n’importe où<ref>[Je ne considère pas qu’ici {{lang|grc|ἢ}} sépare deux alternatives : la première eût été, suivant l’usage de Marc-Aurèle, annoncée par {{lang|grc|ἤτοι}}. Le sens de « ou » est tel, dans la traduction de cette phrase, qu’on pourrait le remplacer par « et ». Qu’on admette la dispersion ou le retour à la raison séminale, nos éléments, après la mort, seront partout, et nous-mêmes ne serons plus nulle part. Il y a, il est vrai, une autre hypothèse que Marc-Aurèle a parfois considérée comme plausible, et d’après laquelle nous serions transportés dans les espaces aériens, et survivrions pendant un certain temps (''supra'' IV, 21). Ni les mots « nulle part », ni les mots « n’importe où » ne conviennent à cette hypothèse, que Marc-Aurèle semble bien, pour le moment, avoir rejetée.]</ref>. En t’appliquant à regarder ainsi les choses humaines, tu verras qu’elles ne sont qu’une fumée<ref>[Même expression, ''infra'' XII, 27 et 33.]</ref>, un rien, surtout si tu te rappelles que ce qui a une fois changé ne reparaîtra plus dans la durée infinie<ref>[Ici, Marc-Aurèle a renoncé à l’hypothèse des révolutions périodiques de l’univers (''supra'' V, 13, note finale), comme tout à l’heure à celle de la survivance des âmes. Les deux doctrines sont, en effet, connexes.]</ref>. Pourquoi donc te<section end="texte"/>
5. [Ici, Marc-Aurèle a renoncé à l’hypothèse des révolutions périodiques de l’univers (''supra'' V, 13, note finale), comme tout à l’heure à celle de la survivance des âmes. Les deux doctrines sont, en effet, connexes.]}}<section end="notes"/>