« La Consolation de la philosophie » : différence entre les versions

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distinctes, est-ce la réunion de ces conditions différentes qui donne un corps à la béatitude elle-même, ou, dans le nombre, s'en trouve-t-il une qui constitue exclusivement la substance de la béatitude, et à laquelle se rapportent toutes les autres? --- Je souhaiterais, dis-je, que tu me fisses comprendre cela en entrant dans le détail des choses. -- Ne regardons-nous pas, demanda-t-elle, la béatitude comma un bien? -Certes, répondis-je, et comme le bien par excellence. - Tu peux donner, dit-elle, cette qua­lification à tout, car la suffisancede toutes choses est considérée aussi comme le bien par excellence, et aussi la souveraine puissance, et la considération , et la vo­lupté et la gloire. Mais quoi? le bien proprement dit, la suffisance, la puissance et le reste, tous ces avantages, sont-ils comme des membres distincts de la béa­titude, ou se rattachent-ils à elles comme à une souche commune ? - Je vois bien le problème que tu proposes; ruais ta solution, je voudrais la connaître, -­Voici tout le secret, répondit-elle. Si tous ces avan­tages étaient des membres (le la béatitude, ils seraient réciproquement différents les uns des autres. Tel est en effet le caractère distinctif des parties, que c'est de leur diversité même que résulte l'unité d'un corps. Or, j'ai prouvé qu'i!s ne sont à eux tous qu'une seule et même chose. Ce ne sont clonedonc pas des membres, car, dans cette hypothèse, la béatitude consisterait dans l'assemblage d'un seul membre; ce qui est absurde. - Cela, dis-je, n'est pas douteux, mais j'attends, la fin. - Mais on sait que tout le reste se rapporte au bien proprement dit. En effet, si on désire la suffisance, c'est qu'on la regarde comme un bien; si la puissance, c'est qu'elle passe pour un bien encore. On peut en conjecturer autant de la considération, de l'illustration et du plaisir. Donc, tout désir a pour fin et pour cause unique le bien. Ion effet, rien de ce qui, ni en réalité, ni en apparence, ne contient
 
quelque bien, ne saurait exciter la convoitise. Et, au con­traire, qu'une chose ne soit pas bonne de sa nature, pour peu qu'elle semble l'être, on la recherche comme si elle l'é­tait en effet. D'où il résulte que c'est très-justement qu'il faut considérer le bien comme la fin , le fond et la cause da toutes les convoitises. Or, l'objet en vue duquel on désire quelque chose est, au bout du compte, le but réel du désir. Par exemple, si, pour raison de santé, quelqu'un veut monter à cheval, ce n'est pas tant l'exercice de l'équitation qu'il désire, que l'effet salutaire qu'il en attend. Ainsi, comme c'est en vue du bien qu'on recherche tout le reste, l'objet immédiat du désir en est moins le but réel que ne l'est le bien lui-même. Or, nous avons reconnu que les hommes ne désirent rien qu'en vue de la béatitude; donc la béatitude est l'unique objet de leur recherche. D'où il résulte très-clairement que le bien proprement dit et la béatitude ne sont qu'une seule et même substance. -- Je ne vois pas com­ment on pourrait penser différemment. - Mais j'ai prouvé aussi que Dieu et la véritable béatitude ne sont qu'une seule et même chose. - Cela est vrai, dis-je. -­On peut donc conclure avec certitude que le souverain bien à l'exclusion de tout le reste, est la substance même de Dieu,