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{{tiret2|con|vaincre}} autrui, besogne fragile, est souvent l’empêcher de se convaincre.
{{tiret2|con|vaincre}} autrui, besogne fragile, est souvent l’empêcher de se convaincre.


<poem style="font-style: italic; margin-left: 1.2em;">
Et mon cœur, soulevant mille secrets témoins,
Et mon cœur, soulevant mille secrets témoins,
M’en dira d’autant plus que vous m’en direz moins.
M’en dira d’autant plus que vous m’en direz moins.
</poem>


Et, sur cette idée de l’allusion suggestive, Mallarmé alla loin, très loin, avec une obstination fine et têtue. De là tout un vocabulaire. Les mots de la poésie romantique, comme de toute poésie, conservent leur sens matériel, positif, visuel, ils sont des objets. Mallarmé voudrait des mots qui fussent des sujets. Dans la poésie romantique — je citais plus haut les strophes du ''Lac'' — la phrase n’a, au contraire du vers classique, qu’une valeur allusive, non significative. C’est que cette phrase existe du point de vue d’une émotion qui agit, non d’un discours qui prouve. Mais le mot, en même temps qu’il existe du point de vue musical du vers, existe du point de vue grammatical, logique, prosaïque, probatoire et oratoire de la phrase. C’est de ce dernier refuge que
Et, sur cette idée de l’allusion isuggestivc, Mallarmé
alla loin, très loin, avec une obstination fine et têtue. De
là tout un vocabulaire. Les mots de la poésie roman-
tique, comme de toute poésie, conservent leur sens ma-
tériel, positif, visuel, ils sont des objets. Mallarmé vou-
drait des mots qui fussent des sujets. Dans la poésie
romantique — je citais plus haut les strophes du Lac —
la phrase n’a, au contraire du vers classique, qu’une va-
leur allusive, non significative. C’est que cette phrase
existe du point de vue d’une émotion qui agit, non d’un
discours qui prouve. Mais le mot, en même temps qu’il
existe du point de vue musical du vers, existe du point
de vue grammatical, logique, prosaïque, probatoire et
oratoire de la phrase. C’est de ce dernier refuge que
Mallarmé veut chasser la prose et l’éloquence.
Mallarmé veut chasser la prose et l’éloquence.


<poem style="font-style: italic; margin-left: 1.2em;">
Prends l’éloquence et tords lui son cou.
Prends l’éloquence et tords lui son cou.
</poem>


Le mot, lui aussi, ne doit avoir qu’une valeur allusive,
Le mot, lui aussi, ne doit avoir qu’une valeur allusive, comme sur une vitre ne poser sur la page blanche qu’une buée d’émotion. De là l’emploi préféré des mots négatifs, des « absences » qui figurent non une réalité
comme sur une vitre ne poser sur la page blanche
qu’une buée d’émotion. De là l’emploi préféré des mots
négatifs, des « absences » qui figurent non une réalité
donnée, mais une réceptivité.
donnée, mais une réceptivité.


<poem style="font-style: italic; margin-left: 1.2em;">
Indompiablement a dû
Indomptablement a dû
Comme mon espoir s’y lance
Comme mon espoir s’y lance
Eclater là haut perdu
Éclater là haut perdu
Avec furie et silence
Avec furie et silence


Voix étrangère au bosquet
Voix étrangère au bosquet
Ou par nul écho suivie
Ou par nul écho suivie
l,’oiseau qu’on n’ouit jamais
l’oiseau qu’on n’ouit jamais
Une autre fois dans sa vie.
Une autre fois dans sa vie.
</poem>


Et le Vierge, le vivace l Mes bouquins refermés ;
Et ''le Vierge, le vivace'' ! ''Mes bouquins refermés'' ;