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certainement perdu le caractère d’universalité et d’évidence avec lequel il se présentait à l’esprit d’un Barbare à l’époque mérovingienne et aux temps carolingiens. Les influences romaines et chrétiennes, lés transformations économiques et sociales avaient, dans la sphère des intérêts privés, étendu depuis longtemps les droits successoraux des femmes. Le droit public subissait la même métamorphose. De toutes parts, duchés, comtés, royaumes, tombaient en quenouille. La Flandre avait été gouvernée, au XIIIe siècle, par deux comtesses également célèbres, Jeanne et Marguerite[1]. Au commencement du XIVe siècle, le comté d’Artois fut, à la suite de longs débats, attribué à la comtesse Mahaut, de préférence à son neveu Robert[2]. Le royaume de Jérusalem[3], l’empire latin de Constantinople[4], les royaumes de Castille, d’Aragon et de Navarre[5] passaient aux femmes. Les Capétiens eux-mêmes ne se sont jamais fait de l’exclusion des femmes une loi de famille absolue et

  1. Je reproduis les expressions de Dareste, Histoire de France, t. II, p. 387. Pour l’histoire de ces deux princesses, lire Kervyn de Lettenhove, Hist. de Flandre, t. I, p. 209-267. On se fera une idée de la très grande ancienneté du droit des femmes aux successions féodales en France en consultant : Glasson, Hist. du droit et des instit. de la France, t. IV, p. 278, 538 ; Lot, Les derniers Carolingiens, p. 15, note 4 ; baron de Gaujal, Essais hist. sur le Rouergue, t. 1, 1824, p. 191 ; Jarriand, Novelle 118, p. 358.
  2. Voir, pour le détail, Richard, Mahaut, comtesse d’Artois, p. 20-27.
  3. Chronique d’Ernoul et de Bernard le Trésorier, chap. iii, xi et xxxv, édition L. de Mas Latrie, p. 11, 12, 134, 407 et 408.
  4. Chronique d’Ernoul et de Bernard le Trésorier, ch. xxxiii, édit. L. de Mas Latrie, p. 391.
  5. Cf., pour la Castille et l’Aragon, L’art de vérifier les dates, t. I, p. 743 et 745. Quant à la Navarre, il suffit de rappeler que Jeanne, fille de Henri Ier le Gras, roi de Navarre, et de Blanche d’Artois, succéda à son père à l’âgede trois ans et demi (1274). Elle épousa Philippe le Bel en 1284. Voir aussi Continuatio Chronici Guill. de Nangiaco, éd. Géraud, t. II, p. 84, 90. Il y eut à cette époque bien des discussions. Faudrait-il rattacher aux origines du droit successoral des femmes ce fait que chez les Lombards, dès l’année 625, Arioald, gendre d’Agilulphe, parvint à ceindre la couronne ? (L’art de vérifier les dates, t. 1, p. 416.)