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aujourd’hui définitivement élucidé grâce à MM. Paulin Paris, G. Servois, G. Monod et Pasquale del Giudice[1]. C’est vraisemblablement dans la seconde moitié du XIVe siècle, au temps de Charles V, qu’on s’est avisé pour la première fois de fonder sur la Loi Salique le principe de l’exclusion des femmes[2]. J’y reviendrai plus loin. Je me contente de rappeler en ce moment

  1. Paulin Paris, Les Grandes Chroniques de France, t. V, 1837, p. 234, note ; Servois, Documents inédits sur l’avènement de Philippe le Long, dans l’Annuaire-Bulletin de la Société de l’histoire de France, 1864, 2e partie, p. 44 et suiv ; Monod dans la Revue critique du 26 décembre 1892. C’est au cours de la correction des épreuves du présent mémoire que j’ai reçu le très intéressant travail de M. Pasq. del Giudice qui traite avec autant d’érudition que de sagacité cette même question {Pasquale del Giudice, La storia di una frase, Commento all’art.2 dello Staluto del regno, Milano, 1893. (Extrait des Rendiconti del Istituto Lombarde, série II, t. XXV-XXVI.)
  2. Raoul de Presles, Exposition sur la Cité de Dieu, III, 21 (Bibl. nat., ms.fr. 170, fol. 147 ro), V, 25 (Le Roux de Lincy, Paris et ses historiens, p. 105, 106). Cf. Le Roux de Lincy, ibid., p. 135, note 1. Mon attention a été appelée sur ces passages de Raoul de Presles par une obligeante communication de M. Gabriel Monod. Ils ont déjà été relevés et cités par Lancelot, Suite du Mémoire sur la vie et les ouvrages de Raoul de Presles, dans Mémoires de littérature tirez des registres de l’Académie des inscriptions, Amsterdam, 1743, t. XX, p. 471.

    Si l’on s’en tient au texte de Guillebert de Metz (Le Roux de Lincy, ibid., p. 135), on sera conduit à croire que deux auteurs dont le nom est allégué, et qui sont bien antérieurs à Raoul de Presles, ont cité la Loi Salique à propos de la succession à la couronne. Cette impression se dissipe dès qu’on se reporte au texte primitif sur lequel a travaillé Guillebert de Metz, c’est-à-dire au commentaire de la Cité de Dieu par Raoul de Presles (Biblioth. nat., ms. fr. 170, fol. 147 ro). Raoul de Presles invoque la Loi Salique sans la citer. L’auteur du Songe du Vergier, qui traite aussi cette question, ne parle pas de la Loi Salique (Songe du Vergier, 1re part., Ch. CXLI, CXLII, édit. in-fol., faisant suite aux Libertés de l’Église gallicane, p. 147-149).

    Un article de M. Gabriel Monod que, fort heureusement pour tous les érudits, ma première lecture à l’Institut (9 déc. 1892) a provoqué, m’apprend que frère Richard le Scot, dans un mémoire sur la généalogie des rois de France adressé vers 1358 à Anceau Choquard, conseiller de Jean II et du régent Charles, invoquait déjà la Loi Salique comme base juridique de la succession au trône de France (Revue critique du 26 décembre 1892, p. 519). Richard le Scot a tout l’air de découvrir la Loi Salique : « Legem vero Salicam, quam ab omnibus doctoribus legum quoscumque novi petii utrum de ea cognitionem haberent et tamen michi nullam penitus respondentes, libentissime vobis demonstrarem. » (Biblioth. nat., ms. lat. 14663, fol. 40 vo.)