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118 LA POÉSIE DE STÉPHANE MALLARMÉ |
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Et quand Phèdre paraît, nous sommes tous incestes. |
Et quand Phèdre paraît, nous sommes tous incestes. |
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Lorsque Boileau, dans |
Lorsque Boileau, dans l’''Art Poétique'', déroule la suite |
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de la poésie française, ses indications précises ont pour |
de la poésie française, ses indications précises ont pour |
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objet d’instruire, de donner comme vêtement exact à la |
objet d’instruire, de donner comme vêtement exact à la |
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permanence d’une idée juste la durée d’un bon vers. |
permanence d’une idée juste la durée d’un bon vers. |
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Mais quand Victor Hugo reprend, dans la Réponse à un |
Mais quand Victor Hugo reprend, dans la ''Réponse à un Acte d’Accusation'', un sujet analogue, avec quelle naïveté |
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Acte d’Accusation, un sujet analogue, avec quelle naïveté |
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superbe d’abord ne le ramène-t-il pas entier à un thème |
superbe d’abord ne le ramène-t-il pas entier à un thème |
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lyrique, l’ivresse de sa force, l’apothéose de son œuvre, |
lyrique, l’ivresse de sa force, l’apothéose de son œuvre, |
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et au lieu de l’impersonnel ''Enfin Malherbe vint'', le ''Alors brigand je vins'' d’un Hercule au seuil des écuries d’Augias ou d’un Hernani ! Aucune notion ; tout n’est, par des images, qu’allusion au sentiment qu’il faut déterminer, celui d’une libération éclatante et triomphale, de choses grisâtres et molles en débâcle devant la fulgurance du génie. Et je ne suis pas loin, ici, de Mallarmé |
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et au lieu de l’impersonnel Enfin Malherbe vint, le Alors |
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brigand je vins d’un Hercule au seuil des écuries d’Au- |
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gias ou d’un Hernani 1 Aucune notion ; tout n’est, par |
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des images, qu’allusion au sentiment qu’il faut détermi- |
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ner, celui d’une libération éclatante et triomphale, d |
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choses grisâtres et molles en débâcle devant la fulguranc |
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du génie. Et je ne suis pas loin, ici, de Mallarmé |
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puisque l’Hommage à Wagner est construit, parlan |
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effets. |
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Et lorsque Victor Hugo recourt, pour représenter l’affranchissement de l’homme, au symbole audacieux et puissant du ''Satyre'', il procède, ici encore, par allusion. Allusion peu à peu précisée et qui devient patente, et qui, enfin transfigurée, s’identifie à la notion. Il ne s’agit pas de peindre ou de raconter l’homme qui se |
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Et lorsque Victor Hugo recourt, pour représenter l’af |
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délivre de la matière, mais d’éveiller, du premier au dernier vers, le sentiment vivant de cette délivrance, d’obtenir du lecteur qu’il épouse et qu’il récrée en lui cet effort. La voix du poète va se placer à l’intérieur de nous pour s’épanouir par nous, avec nous, et c’est ainsi que l’une des deux ailes du lyrisme est musique. Et il semble même qu’Hugo ait le sentiment de cette présence musicale dans le ''Satyre''. S’il fait, par la flûte et la lyre, accompagner la voix du Faune, c’est que la flûte et la lyre, et toute la musique, dans leur volonté d’être, et dans leur force de germination, sont présentes à cette coupe de beauté verbale intérieures et cachées, comme |
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franchissement de l’homme, au symbole audacieux c |
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puissant du Satyre, il procède, ici encore, par allusio |
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Allusion peu à peu précisée et qui devient patente, |
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qui, enfin transfigurée, s’identifie à la notion. Il n |
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s’agit pas de peindre ou de raconter l’homme qui s |
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délivre de la matière, mais d’éveiller, du premier a |
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dernier vers, le sentiment vivant de cette délivranc |
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d’obtenir du lecteur qu’il épouse et qu’jl récrée en 1 |
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cet effort. La voix du poète va se placer à l’intérieur <. |
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nous pour s’épanouir par nous, avec nous, et c’est a in |
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que l’une des deux ailes du lyrisme est musique. Et |
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semble même qu’Hugo ait le sentiment de cette présen |
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musicale dans le Satyre. S’il fait, par la flûte et la lyr |
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accompagner la voix du Faune, c’est que la flûte et |
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lyre, et toute la musique, dans leur volonté d’être, |
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dans leur force de germination, sont présentes à ce |
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coupe de beauté verbale intérieures et cachées, conii |