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A CORBINELLI<ref>11. Dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale cette apostille forme une lettre à part, datée du 21e août, et commençant par le paragraphe que voici : « Je ne fis point de réponse à votre première lettre, Monsieur, parce que je la reçus dans le temps que je partis pour mon voyage de Comté, où j’ai demeuré jusqu’à présent et en arrivant ici, j’ai trouvé la seconde ; mais avant que d’y répondre, je vous dirai que ma fille de Chaseu, étant venue à ce voyage avec sa sœur de Coliguy, est tombée malade, que je l’ai ramenée ici en litière, et que cela m’empêche d’aller trouver Mme de Sévigné à Epoisse ; mais je la convie de venir passer par ici qui est le plus court et le plus beau chemin pour Vichy. Que n’êtes-vous de la partie ! nous aurions bien du plaisir ; car si nous nous trouvons agréables à Paris, nous nous trouverions admirables en province, où l’on est moins dissipé, ».</ref>
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Vous avez raison de dire, Monsieur, qu’on ne fait presque rien de tout ce qu’on veut faire, c’est-à-dire de considérable : le destin a pris cela pour son partage<ref>12. Le manuscrit de la Bibliothèque impériale ajoute ici : « et nous a laissé les bagatelles. »</ref>. Il n’y a que le Roi d’excepté de la règle générale. La Fortune, qui depuis la naissance du monde avoit toujours été indifférente, a pris enfin parti pour Sa Majesté. Jamais prince n’a été si longtemps heureux : il y a trente-cinq ans que ses prospérités durent. Je voudrois bien savoir ce que lui diroit Voiture, qui étoit, disoit-il à Monsieur le Prince<ref>13. Dans sa lettre au due d’Enghien sur la prise de Dunkerque, déjà citée au tome IV, p. 65, note 17. « Nous ne trouvons, dit-il entre autres choses, plus rien à dire qui ne soit au-dessous de vous. L’éloquence, qui des plus petites choses en sait faire de grandes, ne peut, avec tous ses enchantements, égaler la hauteur de celles que vous faites.</ref> , épuisé sur les louanges pour quatre ou cinq campagnes heureuses. Il faut ou redire les mêmes choses, ou se taire sur les belles actions du Roi. Il en fait plus de nouvelles tous les jours qu’il n’y a de tours différents dans notre langue pour le louer dignement.
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{{sc|Vous}} avez raison de dire, Monsieur, qu’on ne fait presque rien de tout ce qu’on veut faire, c’est-à-dire de considérable : le destin a pris cela pour son partage<ref>12. Le manuscrit de la Bibliothèque impériale ajoute ici : « et nous a laissé les bagatelles. »</ref>. Il n’y a que le Roi d’excepté de la règle générale. La Fortune, qui depuis la naissance du monde avoit toujours été indifférente, a pris enfin parti pour Sa Majesté. Jamais prince n’a été si longtemps heureux : il y a trente-cinq ans que ses prospérités durent. Je voudrois bien savoir ce que lui diroit Voiture, qui étoit, disoit-il à Monsieur le Prince<ref>13. Dans sa lettre au due d’Enghien sur la prise de Dunkerque, déjà citée au tome {{rom-maj|IV|}}, {{pg}}65, note 17. « Nous ne trouvons, dit-il entre autres choses, plus rien à dire qui ne soit au-dessous de vous. L’éloquence, qui des plus petites choses en sait faire de grandes, ne peut, avec tous ses enchantements, égaler la hauteur de celles que vous faites.</ref>, épuisé sur les louanges pour quatre ou cinq campagnes heureuses. Il faut ou redire les mêmes choses, ou se taire sur les belles actions du Roi. Il en fait plus de nouvelles tous les jours qu’il n’y a de tours différents dans notre langue pour le louer dignement.<section end="639"/>