« Page:Thibaudet - La Poésie de Stéphane Mallarmé.djvu/108 » : différence entre les versions

m →‎top : clean up, remplacement: môme → même avec AWB
Balises : Modification par mobile Modification par le web mobile
 
État de la page (Qualité des pages)État de la page (Qualité des pages)
-
Page non corrigée
+
Page corrigée
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
<nowiki />

lui LA POÉSIE DE STÉPHANE MALLARMÉ


Il croyait naturellement à un monde des essences.
Il croyait naturellement à un monde des essences.
Ligne 7 : Ligne 6 :
cela même sur quelque universelle entente : voyons donc
cela même sur quelque universelle entente : voyons donc
s’il n’est pas, dans l’idéal, un aspect nécessaire, évident,
s’il n’est pas, dans l’idéal, un aspect nécessaire, évident,
simple, qui serve de type 4. » Ce que l’on appelle réalité
simple, qui serve de type<ref>''Divagations'', p. 21.</ref>. » Ce que l’on appelle réalité
est une moyenne entre les perceptions, inférieure en
est une moyenne entre les ''perceptions'', inférieure en
vérité à une conception idéale, typique, qui est l’idée 2.
vérité à une ''conception'' idéale, typique, qui est l’idée<ref>Je laisse subsister cette phrase de la première édition, parce qu’elle est à peu près dans le sillage de Mallarmé ; mais je ne la prendrais plus aujourd’hui à mon compte.</ref>. Éprouvant que la fonction de l’art est de donner aux
Éprouvant que la fonction de l’art «st de donner aux
idées un corps, Mallarmé se désespérait de ne point
idées un corps, Mallarmé se désespérait de ne point
trouver dans son art raréfié les éléments de ce corps.
trouver dans son art raréfié les éléments de ce corps.
Ligne 18 : Ligne 16 :
sous nos yeux
sous nos yeux


<poem style="font-style: italic; margin-left: 1.2em;">
Ne sont que des miroirs obscurcis et plaintifs.
Ne sont que des miroirs obscurcis et plaintifs.
</poem>


Il a reproduit, de façon bien curieuse, et du même
Il a reproduit, de façon bien curieuse, et du même
fonds, la-doctrine du Cratyle toutes les fois qu’il a parlé
fonds, la doctrine du Cratyle toutes les fois qu’il a parlé
de ce qui demeura son souci constant, le langage : « Les
de ce qui demeura son souci constant, le langage : « Les
langues imparfaites en cela que plusieurs, manque la
langues imparfaites en cela que plusieurs, manque la
suprême ; penser étant écrire sans accessoires, ni chu-
suprême ; penser étant écrire sans accessoires, ni chuchotement mais tacite encore l’immortelle parole, la
chotement mais tacite encore l’immortelle parole, la
diversité, sur terre, des idiomes empêche personne de
diversité, sur terre, des idiomes empêche personne de
proférer les mots qui, sinon se trouveraient, par une
proférer les mots qui, sinon se trouveraient, par une
frappe unique, elle-même matériellement la vérité. »
frappe unique, elle-même matériellement la vérité. »
Et ce sentiment il le pousse, dans les Mots Anglais, fort
Et ce sentiment il le pousse, dans les ''Mots Anglais'', fort
loin du côté de la fantaisie. Il ne va au théâtre que
loin du côté de la fantaisie. Il ne va au théâtre que
pour imaginer avec plus de précision, par ébauche ou
pour imaginer avec plus de précision, par ébauche ou
par contracte, ce théâtre idéal qu’il a rêvé le sommet
par contraste, ce théâtre idéal qu’il a rêvé le sommet
définitif, le pic de diamant sur l’art humain, — théâtre
définitif, le pic de diamant sur l’art humain, — théâtre
d’une seule œuvre éternelle, expression du monde intel-
d’une seule œuvre éternelle, expression du monde intelligible, qui suffirait, et qui, comme le Coran pour le
ligible, qui suffirait, et qui, comme le Coran pour le

\. Divagations, p. ai.

2. Jo laisse subsister cetlo phrase do la première édition,
parce qu’elle est à peu près dans le sillage de Mallarmé ; mais je
ne la prendrais plus aujourd’hui h mon compte.