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ces syllabes adorées : femme ! Ce mot qui se dit des lèvres, parce qu’il invite au baiser, sur lequel on aime à s’attarder pour en savourer le velouté, que l’on conserve plus longuement dans la bouche, comme un vieux vin qui fait la perle, que l’on fait flâner dans les galeries de l’imagination pour en extraire une forme à la fois corporelle et immatérielle, il est le rayon, la joie, la sérénité, l’extase et l’irréel.

« La femme absente, que devient l’univers ? Une masse inquiète et ennuyée, tourmentée d’irréalisables désirs, où la lumière ne charme plus les yeux, où les saisons sont monotones, où la pensée n’a plus ses ailes, où les foyers, privés de leur âme, s’éteignent dans les dernières lamentations de leurs reflets attristés. Viens ! Viens ! Vivons notre vie ! »

Ils songèrent longtemps, l’un près de l’autre, elle, penchée vers lui et frôlant sa joue de sa chevelure soyeuse, lui, frissonnant, les yeux fixés sur son cou. Un moment, il voulut lui demander de l’emmener quelque part, en des lieux inconnus, où l’on donne son être à l’amour, loin des inimitiés, des haines féroces, des innombrables laideurs physiques et morales qui se dressent en face de l’homme d’action.

— Tu as peut-être raison, dit-il. Qui sait si trois ou quatre années d’ivresses brûlantes ne