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ville arrivée à ce point de lassitude où le besoin du repos remplace celui de la vengeance, quand on pourrait épargner, sans
ville arrivée à ce point de lassitude où le besoin du repos remplace celui de la vengeance, quand on pourrait épargner, sans peine et sans danger, les restes mutilés d’un parti frappé dans ses chefs, alors il rentrerait dans la ville, comme l’ange gardien de ses murs, éteignant le feu, étanchant le sang, et proclamant paix et amnistie pour tout le monde.
peine et sans danger, les restes mutilés d’un parti frappé dans ses
chefs, alors il rentrerait dans la ville, comme l’ange gardien
de ses murs, éteignant le feu, étanchant le sang, et proclamant
paix et amnistie pour tout le monde.


Le prétexte sur lequel il motivait son absence, se trouve avoir,
Le prétexte sur lequel il motivait son absence, se trouve avoir, avec la suite de notre histoire, une connexité trop grande, pour que nous ne le fassions pas connaître à nos lecteurs.
avec la suite de notre histoire, une connexité trop grande, pour
que nous ne le fassions pas connaître à nos lecteurs.


Le jeune sire de Gyac, que nous avons vu au château de Vincennes, disputant aux sires de Graville et de l’Iladam le cœur d’Isabeau de Bavière, avait, comme nous l’avons dit, accompagné la reine à Troyes. Chargé, par sa royale souveraine, de plusieurs messages importans auprès du duc de Bourgogne, il avait remarqué à la cour du prince mademoiselle Catherine de Thian, l’une des femmes de la duchesse de Charolais{{lié}}<ref>Le comte de Charolais, fils du duc Jean, avait épousé la princesse Michelle, fille du roi Charles{{lié}}{{rom-maj|vi|6}}.</ref>. Jeune, brave et beau, il avait cru que ces trois qualités, jointes à la confiance que lui donnait la conviction de les posséder, étaient des titres suffisans près de cette belle et noble jeune fille : ce fut donc avec un étonnement toujours croissant, qu’il s’aperçut que ses hommages étaient reçus sans qu’ils parussent être distingués de ceux des autres seigneurs. L’idée qu’il avait un rival fut la première qui vint au sire de Gyac ; il suivit mademoiselle de Thian comme son ombre, il épia tous ses gestes, surprit tous ses regards, et finit, malgré la persévérance de la jalousie, par demeurer convaincu qu’aucun des jeunes gens qui l’entouraient n’était plus heureux ni plus favorisé que lui. Il était riche, portait un noble nom ; il pensa que l’offre de sa main séduirait peut-être la vanité au défaut de l’amour. La réponse de mademoiselle de Thian fut à la fois si précise et si polie, que le sire de Gyac perdit le reste de son espoir et conserva tout son amour. C’était à en devenir fou à force d’ypenser et de n’y rien comprendre : sa seule ressource était l’absence ; il eut la force de l’appeler à son secours : il prit en conséquence les ordres du duc et retourna près de la reine.
Le jeune sire de Gyac, que nous avons vu au château de Vincennes, disputant aux sires de Graville et de l’Iladam le cœur d’Isabeau de Bavière, avait, comme nous l’avons dit, accompagné la
reine à Troyes. Chargé, par sa royale souveraine, de plusieurs messages importans auprès du duc de Bourgogne, il avait remarqué
à la cour du prince mademoiselle Catherine de Thian, l’une des
femmes de la duchesse de Charolais <ref>Le comte de Charolais, fils du duc Jean, avait épousé la princesse Michelle, fille du roi Charles VI.</ref>. Jeune, brave et beau, il
avait cru que ces trois qualités, jointes à la confiance que lui donnait la conviction de les posséder, étaient des titres suffisans près
de cette belle et noble jeune fille : ce fut donc avec un étonnement
toujours croissant, qu’il s’aperçut que ses hommages étaient reçus sans qu’ils parussent être distingués de ceux des autres seigneurs. L’idée qu’il avait un rival fut la première qui vint au sire
de Gyac ; il suivit mademoiselle de Thian comme son ombre, il
épia tous ses gestes, surprit tous ses regards, et finit, malgré la
persévérance de la jalousie, par demeurer convaincu qu’aucun
des jeunes gens qui l’entouraient n’était plus heureux ni plus
favorisé que lui. Il était riche, portait un noble nom ; il pensa
que l’offre de sa main séduirait peut-être la vanité au défaut de
l’amour. La réponse de mademoiselle de Thian fut à la fois si précise et si polie, que le sire de Gyac perdit le reste de son espoir et
conserva tout son amour. C’était à en devenir fou à force d’y
penser et de n’y rien comprendre : sa seule ressource était l’absence ; il eut la force de l’appeler à son secours : il prit en conséquence les ordres du duc et retourna près de la reine.