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femme bien posée dans le monde ; deux ou trois enfants dont vous ne serez pas forcé de faire des prêtres ou des religieuses. Quant à Edmée, elle sera une sainte fille, honorée, peut-être élevée en dignité dans son couvent. Si vous résistez et que vous retourniez dans votre petite ville avec elle, vous serez, elle et vous, deux vieux déclassés, aigris et piteux. Et je ne mets pas les choses au pis ! Car Edmée peut, quelque jour, décamper avec un officier de la garnison. On a vu ça. Supposez qu’elle reste sage : après votre mort elle n’aura même pas de pain, et il lui faudra, pour vivre, faire des chemises ou garder les femmes en couches.

– Oh !

– Voilà, mon frère. C’est la vie ; et, à trente-cinq ans, il est temps de l’apprendre !

– Je réfléchirai, Clémence ; vous êtes mon aînée ; vous êtes une digne femme et une femme d’esprit. Certainement vos conseils sont pour moi d’un grand poids.

Il était dix heures. Madame de Clérac ne veillait pas plus tard à l’ordinaire. M. Le Dam d’Anjault prit congé. Il logeait à l’hôtel, dans le voisinage.

Le petit dérangement occasionné par son départ empêcha madame de Clérac de voir la portière de tapisserie qui séparait le salon de sa chambre à coucher se soulever un peu, puis retomber doucement.

Edmée traversa la chambre de sa tante à pas de loup, gagna une sorte de cabinet de toilette qui suivait et dont on lui avait fait une chambrette, et se glissa comme une anguille entre ses draps.

Dix minutes après, madame de Clérac, après avoir donné, pour le lendemain, les ordres à ses domestiques, entrait dans sa chambre.

– Edmée, ma mignonne, dors-tu ?

Edmée, le bras passé sous sa tête, la tête mollement