« Page:Revue des Deux Mondes - 1890 - tome 102.djvu/802 » : différence entre les versions

AkBot (discussion | contributions)
Pywikibot touch edit
Zoé (discussion | contributions)
 
État de la page (Qualité des pages)État de la page (Qualité des pages)
-
Page non corrigée
+
Page corrigée
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :

Aucune de ces agitations souterraines de l’intérieur royal, de ces ''chiffonages de cours'', comme il les appelle, n’échappait à Maurice. Chargé, par les parens de sa nièce, de veiller sur les premiers pas de la princesse, il la regardait comme sa pupille et s’était fait le confident de ses peines secrètes. Mais il avait su réussir également à mettre le roi lui-même sur le pied de lui parler avec une ouverture peu conforme à sa nature défiante et dissimulée ; devant ce censeur si peu rigoureux, le prince, désormais livré sans combat à tous ses penchans, ne rougissait d’avouer aucune de ses faiblesses. Ainsi consulté de part et d’autre, ami et conseiller de tous, Maurice intervenait avec une bonhomie pleine de finesse, sinon pour déjouer toutes les intrigues, ou concilier tous les différends, au moins pour en prévenir l’éclat. Jusqu’où cette intimité était poussée ; avec quel détail, par exemple (et de quelle nature ! ) Louis XV le mettait au courant de ce qui pouvait l’inquiéter dans les premières relations des jeunes époux, c’est ce que non-seulement les lettres de Maurice à son frère, mais même les dépêches officielles de l’ambassadeur de Saxe nous rapportent avec une exactitude qui ne permet vraiment pas de les reproduire. L’imagination du lecteur s’en fera peut-être quelque idée par la pièce suivante dont le ton lui paraîtra déjà assez étrange ; il m’excusera si nos habitudes actuelles sont un peu surprises du spectacle qui était donné, il y a cent cinquante ans, sans étonner personne, à toute la cour assemblée.
Aucune de ces agitations souterraines de l’intérieur royal, de ces ''chiffonages de cours'', comme il les appelle, n’échappait à Maurice. Chargé, par les parens de sa nièce, de veiller sur les premiers pas de la princesse, il la regardait comme sa pupille et s’était fait le confident de ses peines secrètes. Mais il avait su réussir également à mettre le roi lui-même sur le pied de lui parler avec une ouverture peu conforme à sa nature défiante et dissimulée ; devant ce censeur si peu rigoureux, le prince, désormais livré sans combat à tous ses penchans, ne rougissait d’avouer aucune de ses faiblesses. Ainsi consulté de part et d’autre, ami et conseiller de tous, Maurice intervenait avec une bonhomie pleine de finesse, sinon pour déjouer toutes les intrigues, ou concilier tous les différends, au moins pour en prévenir l’éclat. Jusqu’où cette intimité était poussée ; avec quel détail, par exemple (et de quelle nature ! ) Louis XV le mettait au courant de ce qui pouvait l’inquiéter dans les premières relations des jeunes époux, c’est ce que non-seulement les lettres de Maurice à son frère, mais même les dépêches officielles de l’ambassadeur de Saxe nous rapportent avec une exactitude qui ne permet vraiment pas de les reproduire. L’imagination du lecteur s’en fera peut-être quelque idée par la pièce suivante dont le ton lui paraîtra déjà assez étrange ; il m’excusera si nos habitudes actuelles sont un peu surprises du spectacle qui était donné, il y a cent cinquante ans, sans étonner personne, à toute la cour assemblée.