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LE PLAISIR DES OISEAUX

Cette odeur qui nous fait languir, les bras tendus
Vers quelque ardent bonheur, sanglotant, éperdu,
Cette divine odeur les poursuit, les enlace,
Ils se pâment, roulés ensemble dans l’espace ;
Comme un frais coquillage st percé d’eau de mer,
Leur corps est saturé d’azur, d’arome et d’air.
Quelquefois le zéphir les rafle, les opprime,
Ils traînent, algue en feu, dans cette onde sublime.
Et puis l’oiseau revient, accoste un cerisier,
Roule sur le fruit chaud son front extasié,
Et l’inconstant divin repart. Pendant des lieues,
Il s’élance entre l’arbre et les coupoles bleues,
Il ne voit du dolent et perfide univers
Que ke côté d’azur et que le côté vert.
Confondu dans l’espace il est immense et libre.
Quelquefois, quand un jour s’été fermente et vibre,
Quand l’orage s’annonce, il sent contre son cœur
Perser et s’arrondir un ouragan d’odeur,
Et s’irritant il pique, en passant à la nage
Le sein tendre et fondant du plus jeune feuillage…