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l’actrice Germaine Mondore. Elle avait chanté à un grand concert ouvrier. Alors président de toutes les unions du pays, il y avait prononcé l’un de ses discours les plus pathétiques. Après la soirée, l’artiste s’était élancée vers lui, l’avait embrassé devant tout le monde en s écriant : « Monsieur, vous êtes le plus grand comédien que je connaisse. » Ces paroles, pourtant équivoques, le flattèrent. Il commença dès lors à la poursuivre de sa passion. Elle ne recula pas devant une aventure platement bourgeoise, parce qu’il était riche, intelligent et influent ; elle le subit sans amour, en songeant que les sentiments vrais et profonds lui étaient désormais impossibles et qu’il lui était bien égal de refuser ou d’accepter.

L’épithète de comédien convenait parfaitement à cet ouvrier embourgeoisé, qui s’était enrichi à organiser des grèves et à bourrer des crânes. Tout son prestige auprès des foules tenait à des tirades ronflantes débitées avec du pectus : « Nous, ouvriers de la génération montante, disait-il, nous buvons aux mamelles de la plus saine des doctrines, celle de l’égalité ! Elle nous donne la force de refondre cette vieille ferraille de société, au feu de la lutte, et de séparer le bon métal des scories et des déchets. La naissance ne donne aucun privilège : tous,