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pariétaire, à laquelle son support est brusquement retiré. Tout croule et revient à la poussière.

Quoi ! pas un autre support ? N’était-elle donc rien par elle-même ? Elle avait projeté tout le meilleur de sa force, de ses espoirs, dans ce second moi. Il ne lui en restait plus pour le premier. — À tort ? Peut-être. Mais qu’y faire, quand on est née mère, et qu’une vie entière vous a indissolublement entrelacée au fils ? Quels autres peuvent vous aider à en rajuster les lambeaux ? — Même Sylvie n’avait jamais, qu’à des moments très courts, partagé les secrets de cette vie, dont seul Marc avait mangé avec Annette le pain quotidien. Et tous les autres étaient des nouveaux-venus. L’affection d’une George s’adressait à l’Annette des trois ou quatre dernières années : toute la vie antérieure lui était un monde inconnu. Et dans ce monde, Annette ne rencontrait plus un être vivant. Ce monde était devenu un désert.

L’enfant Vania était sans doute un recommencement du fils. Mais recommencer cette vie, au commencement, on n’a plus le courage et la force physique ! Et quand on sait à quoi vient de se briser toute cette montée, comment retrouver souffle à la remonter, une deuxième fois ?

Reste la consolation illusoire de se dire : — « Mon mort aimé n’est point mort. Il est toujours avec moi… » Annette se l’était dit, aux premières heures de griserie de la douleur. Mais la griserie est passagère. Et ce qui reste est le mensonge. On a beau se répéter : — « Il est ici, avec moi… » On sait bien qu’il n’y est pas ! L’illusion idéaliste est trop peu pour une forte nature, aussi charnelle qu’une Annette. À moins de sombrer dans l’hallucination. Et cela, elle ne le veut point. Elle est trop saine et trop loyale. Elle a horreur de se livrer à la folie qui rôde toujours au seuil, —