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— « Mère, il ne faut plus rester ici. Vous prendrez froid. Rentrons ensemble. »

Et elle lui jeta son plaid sur les épaules. Annette, souriant tristement, dit :

— « J’ai bien des Mes, à présent. »

Ruche dit :

— « Vous n’en avez pas qui ait pour vous plus de respect et d’amour. »

Annette, lui prenant le bras, s’en retournait à petits pas, comme à regret, du cimetière ; elle demanda :

— « Pourquoi ne me l’avez-vous jamais dit, avant ? »

Ruche répondit :

— « J’étais de trop. Vous en aviez d’autres. »

— « Depuis quand n’avez-vous plus revu mon fils ? »

— « Depuis sept ans, que nous nous sommes quittés à Paris. »

— « Pourquoi, si vous étiez restés amis ? »

— « Il s’est marié, et je me suis mariée. »

Elle ajouta précipitamment :

— « Mais ne croyez pas qu’il y ait eu entre nous un lien secret ! Je n’ai même pas été sa maîtresse. »

Il y avait dans ce mot : « même », un regret. L’oreille d’Annette le perçut. Et Ruche, à qui le mot avait échappé, voulut le reprendre :

— « Je ne voudrais pas que vous pussiez le croire. »

Annette la regarda, tout en marchant :

— « Si je le croyais, qu’est-ce que cela ferait ? »

Ruche rougit :

— « Oui, j’ai mal dit. Eh bien alors, je dis : si vous le croyiez, je voudrais que ce fût vrai. »

Annette serra contre son aisselle la main nerveuse qui la serrait.

— « Ma fille franche, vous n’en seriez pas plus proche de moi que ce seul aveu vient de le faire. »