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D’ailleurs, les tribunaux britanniques semblent ne pas avoir la mémoire aussi courte ou l’imagination aussi subtile que les fonctionnaires du ''Colonial Office''. En 1884, la législature de la Colombie britannique avait voté une loi antichinoise, dont on a lu plus haut l’étonnant préambule : tout Chinois paie une taxe annuelle de 10 dollars ; il doit être constamment prêt à exhiber le reçu de cette somme. Tout Chinois, désirant travailler aux mines, doit payer 15 dollars en sus : un certificat additionnel lui est délivré. Enfin, l’article 28 dispose que tout Chinois accusé de l’un des délits prévus par le présent ''act'', en sera tenu coupable tant qu’il n’aura pas prouvé son innocence, c’est-à-dire que la garantie la plus précieuse que renferme le droit criminel anglais est suspendue quand il s’agit du réprouvé à face jaune. — Il se trouva un riche marchand qui résolut de résister ; ce Céleste, moins patient que le commun des fils de Han, s’appelait Wing-Chong. Il prit un avocat de talent et s’adressa à la cour suprême de la colonie, plaidant : 1° que cet ''act'' dépassait les attributions de la législature coloniale, étant un empiétement sur les droits des étrangers ; 2° que c’était un obstacle illégal apporté au commerce et à l’industrie ; 3° que c’était une violation des traités ; 4° que les taxes prévues par l’''act'', n’étant pas égales pour tous, étaient inconstitutionnelles. — La cour, dans un long jugement par lequel elle donnait gain de cause à Wing-Chong, condamna sévèrement cette mesure d’exception, la déclara illégale, contraire à la liberté du commerce et en violation des traités existant entre les deux Empires. — Le 3 septembre 1888, la Cour suprême de Melbourne rendit son jugement dans l’action introduite par Chun-Tsong, un passager chinois de l’''Afghan'', réclamant des dommages-intérêts pour avoir été illégalement empêché de débarquer à Victoria : le gouvernement de la colonie s’est vu condamner.
D’ailleurs, les tribunaux britanniques semblent ne pas avoir la mémoire aussi courte ou l’imagination aussi subtile que les fonctionnaires du ''Colonial Office''. En 1884, la législature de la Colombie britannique avait voté une loi antichinoise, dont on a lu plus haut l’étonnant préambule : tout Chinois paie une taxe annuelle de 10 dollars ; il doit être constamment prêt à exhiber le reçu de cette somme. Tout Chinois, désirant travailler aux mines, doit payer 15 dollars en sus : un certificat additionnel lui est délivré. Enfin, l’article 28 dispose que tout Chinois accusé de l’un des délits prévus par le présent ''act'', en sera tenu coupable tant qu’il n’aura pas prouvé son innocence, c’est-à-dire que la garantie la plus précieuse que renferme le droit criminel anglais est suspendue quand il s’agit du réprouvé à face jaune. — Il se trouva un riche marchand qui résolut de résister ; ce Céleste, moins patient que le commun des fils de Han, s’appelait Wing-Chong. Il prit un avocat de talent et s’adressa à la cour suprême de la colonie, plaidant : 1° que cet ''act'' dépassait les attributions de la législature coloniale, étant un empiétement sur les droits des étrangers ; 2° que c’était un obstacle illégal apporté au commerce et à l’industrie ; 3° que c’était une violation des traités ; 4° que les taxes prévues par l’''act'', n’étant pas égales pour tous, étaient inconstitutionnelles. — La cour, dans un long jugement par lequel elle donnait gain de cause à Wing-Chong, condamna sévèrement cette mesure d’exception, la déclara illégale, contraire à la liberté du commerce et en violation des traités existant entre les deux Empires. — Le 3 septembre 1888, la Cour suprême de Melbourne rendit son jugement dans l’action introduite par Chun-Tsong, un passager chinois de l’''Afghan'', réclamant des dommages-intérêts pour avoir été illégalement empêché de débarquer à Victoria : le gouvernement de la colonie s’est vu condamner.