« Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle/Redent » : différence entre les versions

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=== REDENT ===
s. m. C'est ainsi qu'on nomme les découpures de pierre en
forme de dents qui garnissent l'intérieur des compartiments des meneaux
de fenêtres ou des intrados d'arcs, ou des gâbles de pignons (voy. FENÊTRE,
MENEAU). La figure 1 donne un redent. Quelquefois ces redents
sont terminés par un ornement feuillu, comme aux fenêtres de la sainte
Chapelle du palais à Paris.
 
[Illustration: Fig. 1.]
 
Les redents sont simples ou redentés. La figure 1 présente un redent
simple; la figure 2, des redents redentés de deux sortes. Le premier, A,
est le plus ancien et apparaît déjà au commencement du XIII^e siècle; le
second, B, ne se rencontre guère qu'à dater de 1240. Dans le premier de
ces exemples, le double redent ne se compose que du même membre de
profil. Dans le second, il y a deux membres de profils, l'un pour le redent
principal, l'autre pour le redent secondaire. Quelques fenêtres hautes
du transsept de la cathédrale d'Amiens montrent, dans les grands œils de
leurs meneaux, des redents composés comme celui A. L'architecture de
Normandie de la fin du XIII<sup>e</sup> siècle et du XIV<sup>e</sup> possède souvent des redents
composés comme celui qui est figuré en B. Il est facile de reconnaître
que ces portions des châssis de pierre sont combinées pour diminuer
les dimensions des panneaux des vitraux. Les redents d'œils les
plus anciens sont enchâssés dans la moulure circulaire (voy. la section <i>a</i>).
Plus tard ils font partie de l'appareil même des meneaux (voy. la
section <i>b</i>). Les petits arcs brisés qui couronnent les méneaux verticaux des
fenêtres, à dater de 1230, sont souvent armés de redents (voy. le tracé D,
en <i>d</i>). C'est aux fenêtres de la sainte Chapelle du palais à Paris que l'on
rencontre, peut-être pour la première fois, ces derniers redents, qui ont
pour résultat de donner de la solidité et du nerf aux branches d'arcs <i>e</i>
(voy. MENEAU).
 
[Illustration: Fig. 2.]
 
Des redents sont posés aussi comme simple décoration, à dater du
commencement du XIII<sup>e</sup> siècle, soit à l'intrados d'arcs de porches ou de
portes, soit sur des rampants de pignons ou sur des gâbles. C'est ainsi
qu'on voit de très-beaux et grands redents border intérieurement l'archivolte
d'entrée des trois avancées du portail de la cathédrale d'Amiens.
Ces redents sont terminés par des bouquets de feuillage d'un bon
style et bien composés, dont nous donnons (fig. 3) un échantillon. En A,
est tracé l'ensemble de cette découpure de pierre, maintenue à l'intrados
 
*[Illustration: Fig. 3.]
 
*[Illustration: Fig. 4.]
 
de l'archivolte, d'abord par les coupes <i>f</i> et par des T de cuivre
coulés en plomb. En B, est donnée la section des redents sur les
branches courbes en <i>ab</i> et sur les intervalles en <i>ac</i>. Ces redents datent de
1240 environ.
 
Au lieu d'être fermée par des linteaux, la porte centrale du portail de
la cathédrale de Bourges est terminée par deux arcs plein cintre ornés
de redents richement sculptés qui se découpent sur le vide de la baie. La
figure 4 est un de ces redents tenant au claveau de l'arc de structure et
le renforçant. Cette décoration appartient aux constructions de la cathédrale
de Bourges élevées entre 1240 et 1250.
 
Les articles GÂBLE, PIGNON, montrent l'application des redents aux
rampants qui se détachent, soit sur des nus, soit sur le ciel. Il est utile
d'observer, à ce sujet, combien ces détails sont généralement bien mis à
l'échelle de l'architecture qu'ils couronnent, et comme, lorsqu'ils sont
destinés à se découper sur le ciel, ils prennent juste la valeur relative
qu'ils doivent avoir. Nous citerons, parmi les redents les plus heureusement
mis en proportion, ceux qui couronnent le pignon du transsept
nord de la cathédrale de Paris, redents dont des morceaux entiers ont
été retrouvés sous les combles, et qui ont été replacés depuis peu
(voy. SCULPTURE).