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dans la province de Saraburi, s’étend au sud le long du golfe de Siam, entoure le Cambodge comme d’une ceinture, longe toutes les côtes du golfe, et y forme une centaine d’îles et d’îlots, tandis que de l’autre elle court directement au nord, toujours grandissant et étendant à l’est ses ramifications, qui forment mille vallées étroites et déversent toutes leurs eaux dans le Mékong.

Dans cette région de montagnes, les éléphants seuls servent aux transports ; il n’est pas de village qui n’en possède un certain nombre, et plusieurs petites villes ou bourgs en comptent de cinquante à cent ; j’appellerais volontiers cet intelligent animal la frégate des jungles et des montagnes tropicales ; sans lui, aucune communication ne serait possible pendant sept mois de l’année ; tandis qu’il n’est pas de lieu, quelque épouvantable qu’il soit, que l’on ne puisse traverser avec son secours. Il faut l’avoir vu dans ces chemins que je ne puis appeler que d’un nom, chemins du diable, qui ne sont que des ornières de deux et trois pieds de profondeur, de véritables ravins pleins de vase. Tantôt se laissant glisser, les pieds rapprochés, sur l’argile pétrie et molle des pentes escarpées et élevées ; tantôt à demi plongé dans la fange, et l’instant d’après debout sur des roches aiguës d’où l’on penserait qu’un Blondin seul pourrait se dégager, il franchit des troncs énormes, brise les jeunes arbres et les bambous qui s’opposent à sa marche, et se couche à plat


Un chef laotien chassent le rhinocéros (voy. p. 351). — Dessin de Janet-Lange d’après M. Mouhot.


ventre pour aider aux cornacs à replacer le bât qui glisse de son dos ; puis, mille fois dans un jour, passant sans les heurter entre des troncs qui ne lui livrent que juste l’espace nécessaire, sondant avec sa trompe la profondeur de l’eau et celle des bourbiers pour assurer sa marche, s’accroupissant et se relevant tour à tour, jamais il ne bronche ou ne fait un faux pas. Il faut, dis-je, l’avoir vu à l’œuvre dans sa patrie, dans les lieux qu’il hante de prédilection, à l’état de liberté, mais dressé, pour se faire une idée de son intelligence, de sa force, de sa docilité, de son adresse, et surtout de la manière admirable dont fonctionnent toutes les articulations dont on a cru pourtant pendant tant de temps ce colosse dépourvu, pour se convaincre qu’il n’est pas une grossière ébauche de la nature, mais une créature faite, non pas pour confondre l’esprit de l’homme, mais pour lui donner souvent des leçons de bonté, de patience et de prévoyance. Il ne faut pourtant pas exagérer son utilité, ou bien les bâts employés par les Siamois et les Laotiens sont susceptibles de perfectionnement ; mais la charge de trois petits bœufs, c’est-à-dire de deux-cent cinquante à trois cents livres, est tout ce que j’ai vu les plus gros éléphants transporter aisément en plaine comme dans les montagnes, et dix-huit milles sont les plus grandes distances qu’ils puissent parcourir avec un poids modéré, tandis que de dix à douze milles sont les journées ordinaires.