« Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 4.djvu/563 » : différence entre les versions

mAucun résumé des modifications
 
En-tête (noinclude) :En-tête (noinclude) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{nr||RÉVOLUTIONS DE LA QUINZAINE.|547}}
{{nr||REVUE. CHRONIQUE.|547}}
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
moyens d’arriver à cet ordre promis dès le commencement et déjà pressenti de toutes parts, que les idées de M. de Lamartine méritent examen, respect, et se font admirer par un accent de moralité profonde. Ici point de gageure personnelle, de fidélité prétentieuse et d’inévitable berceau, matière à métaphores ! M. de Lamartine était pourtant attaché de cœur à la dynastie tombée autant que personne en France, et, pas plus qu’un autre aujourd’hui, il ne veut adorer la victoire, briguer des grâces, et, comme il le dit lui-même, ''se glisser avec la fortune d’un palais dans un autre''. Mais deux devoirs sont clairement écrits à ses yeux ; l’un de conscience et de progrès, servir le pays et marcher avec la nation ; l’autre de délicatesse exceptionnelle qui consiste à rester en dehors de l’action immédiate et des faveurs du gouvernement. Il a suivi la restauration jusqu’au bout et sans se dissimuler ses fautes, comme un soldat suit son chef, ''jusqu’à la mort, mais non jusqu’au suicide'' ; il conserve donc ses regrets, il enferme en lui ses affections et les subordonne à une pensée sévère ; il se garde bien surtout, par point d’honneur et pointe de vanité, de remuer, sans y croire, les hargneuses chicanes d’une légitimité à jamais évanouie. Dans le parti royaliste et religieux, parmi les hommes éminens, il en est trois, en politique, que la révolution de juillet n’a ni désarçonnés ni emportés sans frein. Ces trois hommes d’avenir qu’on a bonheur à nommer au milieu de tant de misères, sont le doux et puissant Ballanche, le vénérable abbé de Lamennais, et aussi M. de Lamartine. Ce dernier, exempt comme les deux autres de tout rôle, veut le bien et cherche le vrai ; il l’a presque toujours rencontré dans l’écrit que nous avons sous les yeux. Si, au sujet de la question extérieure et européenne, il nous semble sous l’influence d’une crainte exagérée et de traditions diplomatiques peu complètes ; si, dans sa conception anticipée du règne évangélique sur la terre, dans son ressentiment trop sinistre de l’époque impériale, il adhère avec une facilité que nous ne partageons pas à une politique dont son cœur, comme le nôtre, a dû saigner, hâtons-nous de dire que sur les questions intérieures de la pairie, de la presse, de l’enseignement, de la séparation de l’église et de l’état, de l’élection, il se prononce avec une franchise entière dans le sens de la vraie démocratie et de la plus expansive liberté. La manière dont il apprécie et scinde le problème tant controversé de la centralisation, tenant compte à la fois de l’indivisible unité
moyens d’arriver à cet ordre promis dès le commencement et déjà pressenti de toutes parts, que les idées de {{M.|de}} Lamartine méritent examen, respect, et se font admirer par un accent de moralité profonde. Ici point de gageure personnelle, de fidélité prétentieuse et d’inévitable berceau, matière à métaphores ! {{M.|de}} Lamartine était pourtant attaché de cœur à la dynastie tombée autant que personne en France, et, pas plus qu’un autre aujourd’hui, il ne veut adorer la victoire, briguer des grâces, et, comme il le dit lui-même, ''se glisser avec la fortune d’un palais dans un autre''. Mais deux devoirs sont clairement écrits à ses yeux ; l’un de conscience et de progrès, servir le pays et marcher avec la nation ; l’autre de délicatesse exceptionnelle qui consiste à rester en dehors de l’action immédiate et des faveurs du gouvernement. Il a suivi la restauration jusqu’au bout et sans se dissimuler ses fautes, comme un soldat suit son chef, ''jusqu’à la mort, mais non jusqu’au suicide'' ; il conserve donc ses regrets, il enferme en lui ses affections et les subordonne à une pensée sévère ; il se garde bien surtout, par point d’honneur et pointe de vanité, de remuer, sans y croire, les hargneuses chicanes d’une légitimité à jamais évanouie. Dans le parti royaliste et religieux, parmi les hommes éminens, il en est trois, en politique, que la révolution de juillet n’a ni désarçonnés ni emportés sans frein. Ces trois hommes d’avenir qu’on a bonheur à nommer au milieu de tant de misères, sont le doux et puissant Ballanche, le vénérable abbé de Lamennais, et aussi {{M.|de}} Lamartine. Ce dernier, exempt comme les deux autres de tout rôle, veut le bien et cherche le vrai ; il l’a presque toujours rencontré dans l’écrit que nous avons sous les yeux. Si, au sujet de la question extérieure et européenne, il nous semble sous l’influence d’une crainte exagérée et de traditions diplomatiques peu complètes ; si, dans sa conception anticipée du règne évangélique sur la terre, dans son ressentiment trop sinistre de l’époque impériale, il adhère avec une facilité que nous ne partageons pas à une politique dont son cœur, comme le nôtre, a dû saigner, hâtons-nous de dire que sur les questions intérieures de la pairie, de la presse, de l’enseignement, de la séparation de l’église et de l’état, de l’élection, il se prononce avec une franchise entière dans le sens de la vraie démocratie et de la plus expansive liberté. La manière dont il apprécie et scinde le problème tant controversé de la centralisation, tenant compte à la fois de l’indivisible unité