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Qui n’a point engravé tels mots en sa cervelle !
Que vous estes trompeurs et pleins de vanité !
Bien heureuse qui n’oyt vostre importunité !

Oncques je n’ay trouvé dans les vrayes histoires
Ny dans les vieux escris d’antiennes mémoires
Qu’une femme se soit donnée volontiers,
Sans rimportunité de ses plus familiers,
A nul homme vivant. Ains j’ay bien ouy dire
Qu’il falloit feindre avant un amoureux martyre,
Estre passionné, ne dormir point la nuit,
Aller et revenir quand le soleil nous luit,
Une œillade adorer en secret eslancée,
Rien si non son object, n’avoir en sa pensée,
Feindre de n’aimer autre et faire rien sinon
Hausser jusques au ciel la gloire de son nom,
Inventer, composer, mille sonnets escrire,
Pour monstrer vrayement que pour elle on souspire ;
Guetter de çà, de là, ainsi que fait le loup
Quand il veut au troupeau faire quelque bon coup ;
Tantost dessus le front porter un bon visage.
Et tantost ne monstrer qu’un larmoyant image ;
Aviser les moyens pour seurement tenir
Ce joyau qu’on ne peut par armes soustenir.
User de braves mots, dresser milles menades,
Apposter des servans, faire mille algarades.