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M. Eugène. Quant à moi, j’avais peine à me dégager d’une pauvre jeune fille qui me tenait embrassé de ses deux bras : — je ne t’ai pas outragée, n’est-ce pas, Elvire ?
{{M.|Eugène}}. Quant à moi, j’avais peine à me dégager d’une pauvre jeune fille qui me tenait embrassé de ses deux bras : — je ne t’ai pas outragée, n’est-ce pas, Elvire ?


Dans ce temps, il y avait à Paris beaucoup de femmes qui s’appelaient Elvire, je ne sais pas quel nom elles portent aujourd’hui.
Dans ce temps, il y avait à Paris beaucoup de femmes qui s’appelaient Elvire, je ne sais pas quel nom elles portent aujourd’hui.
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— Et puis nous avons toujours Rufo, le cousin germain du général, qui nous empêchera d’être fusillés, mon bon Philippe. Philippe tremblait toujours de tous ses membres, malgré la sage interprétation de la loi.
— Et puis nous avons toujours Rufo, le cousin germain du général, qui nous empêchera d’être fusillés, mon bon Philippe. Philippe tremblait toujours de tous ses membres, malgré la sage interprétation de la loi.


La position devenait critique, et nous étions perdus en effet, si l’une de ces femmes, la plus épaisse de toutes, la grosse et bonne Géorgienne ne se fût avisée d’un stratagème
La position devenait critique, et nous étions perdus en effet, si l’une de ces femmes, la plus épaisse de toutes, la grosse et bonne Géorgienne ne se fût avisée d’un stratagème auquel nous n’aurions pas pensé. Au moment où la pâleur commençait à envahir tous les visages, la Géorgienne se plaça sans mot dire contre la muraille, justement sous l’ouverture du plafond, par laquelle nous étions descendus. Ce fut la base solide sur laquelle nous improvisâmes l’escalier libérateur. Marion au bas du mur, Louise grimpa sur Marion, Fanchette sur Louise, Victoire sur Fanchette ; comme elle était la plus grêle et la plus légère, la pauvre fille qui m’embrassait, grimpa sur Victoire, elle fut le dernier échelon de cette échelle animée, avide, curieuse, pleine d’amour, échevelée,
auquel nous n’aurions pas pensé. Au moment où la pâleur commençait à envahir tous les visages, la Géorgienne se plaça sans mot dire contre la muraille, justement sous l’ouverture
du plafond, par laquelle nous étions descendus. Ce fut la base solide sur laquelle nous improvisâmes l’escalier libérateur.
Marion au bas du mur, Louise grimpa sur Marion, Fanchette sur Louise, Victoire sur Fanchette ; comme elle était la plus grêle et la plus légère, la pauvre fille qui m’embrassait, grimpa sur Victoire, elle fut le dernier échelon de cette échelle animée, avide, curieuse, pleine d’amour, échevelée,
pleurante, qui devait nous rendre à la liberté et au camp. Philippe grimpa le premier sur cette échelle. Tremblant qu’il était, il meurtrit plus d’une blanche épaule, il égratigna plus d’un visage, il ne dit adieu à personne, il se voyait fusillé le lendemain matin ! Rufo, tout lourd qu’il était, eut grand soin de ne pas laisser flotter son sabre ; mais comme il avait sa chaussure entre les dents, il n’eut pas un seul baiser à donner à cette échelle qui tremblait sous son poids.
pleurante, qui devait nous rendre à la liberté et au camp. Philippe grimpa le premier sur cette échelle. Tremblant qu’il était, il meurtrit plus d’une blanche épaule, il égratigna plus d’un visage, il ne dit adieu à personne, il se voyait fusillé le lendemain matin ! Rufo, tout lourd qu’il était, eut grand soin de ne pas laisser flotter son sabre ; mais comme il avait sa chaussure entre les dents, il n’eut pas un seul baiser à donner à cette échelle qui tremblait sous son poids.