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complet à M. de Rienzi. Cette étude furtive de mœurs, au milieu des royaumes conquis, lui parut trop facile ; son guide impérial lui parut trop hâté, ses enjambées étaient trop grandes pour qu’il pût le suivre et se livrer en même temps au génie de l’observation, ce bienveillant génie qui sert de bâton de soutien et d’hôte au voyageur fatigué. M. de Rienzi se met donc en route tout seul. Ce fragment de nos armées, ce soldat français, renonce aux habitudes d’un soldat, il prend le manteau du voyageur : il marcha d’abord avec le savant helléniste André Ariston, mort loin de lui dans l’incendie de Constantinople, en 1820. Les deux voyageurs visitèrent d’abord les régions caspiennes et caucasiennes ; ils atteignirent le sommet de ces monts-géans pour lesquels la fable n’a pas assez d’historiens, pour lesquels l’histoire n’a pas assez de poésie : ils traversèrent les hordes de Kirguises, toute l’Asie mineure, l’Abassie, la Géorgie, la Circassie, l’Arménie, la Syrie, la Palestine et Carthage ; ils traversèrent tous ces pays du vieux inonde en poètes, en savans, en artistes, en hommes de cœur, d’intelligence et d’épée, comme les a traversés M. de Chateaubriand. Après avoir visité Samos, patrie d’Ariston, et l’île de Crète aux cent villes, M. de Rienzi revint en France, sans son ami, sans son guide Ariston. En France il restait encore du pays à faire ; l’Afrique est une ruine barbare, comme l’Italie est une ruine élégante et policée. Là et là, Italie ou Afrique, au milieu des ''monsignori'' italiens ou des hordes errantes, ce sont toujours des ruines. Plus loin, vous trouverez la vie sociale et politique, la vie vulgaire, la nature jeune encore, les lois qui s’étudient, l’égoïsme des villes qui se perfectionnent ; passez la mer, allez en Amérique, vous trouverez tout cela ; le monde change en Amérique : plus de vieux monde, plus de ruines, plus de chefs-d’œuvre, plus de grande ville qui prolonge son ombre gigantesque sur des marbres géans comme à Rome, plus d’histoire antique, plus de saint Louis qui meurt pour sa foi, plus de reine de Carthage au sommet du bûcher, plus de lieux consacrés par la poésie comme à Carthage,
complet à {{M.|de}} Rienzi. Cette étude furtive de mœurs, au milieu des royaumes conquis, lui parut trop facile ; son guide impérial lui parut trop hâté, ses enjambées étaient trop grandes pour qu’il pût le suivre et se livrer en même temps au génie de l’observation, ce bienveillant génie qui sert de bâton de soutien et d’hôte au voyageur fatigué. {{M.|de}} Rienzi se met donc en route tout seul. Ce fragment de nos armées, ce soldat français, renonce aux habitudes d’un soldat, il prend le manteau du voyageur : il marcha d’abord avec le savant helléniste André Ariston, mort loin de lui dans l’incendie de Constantinople, en 1820. Les deux voyageurs visitèrent d’abord les régions caspiennes et caucasiennes ; ils atteignirent le sommet de ces monts-géans pour lesquels la fable n’a pas assez d’historiens, pour lesquels l’histoire n’a pas assez de poésie : ils traversèrent les hordes de Kirguises, toute l’Asie mineure, l’Abassie, la Géorgie, la Circassie, l’Arménie, la Syrie, la Palestine et Carthage ; ils traversèrent tous ces pays du vieux monde en poètes, en savans, en artistes, en hommes de cœur, d’intelligence et d’épée, comme les a traversés {{M.|de}} Chateaubriand. Après avoir visité Samos, patrie d’Ariston, et l’île de Crète aux cent villes, {{M.|de}} Rienzi revint en France, sans son ami, sans son guide Ariston. En France il restait encore du pays à faire ; l’Afrique est une ruine barbare, comme l’Italie est une ruine élégante et policée. Là et là, Italie ou Afrique, au milieu des ''monsignori'' italiens ou des hordes errantes, ce sont toujours des ruines. Plus loin, vous trouverez la vie sociale et politique, la vie vulgaire, la nature jeune encore, les lois qui s’étudient, l’égoïsme des villes qui se perfectionnent ; passez la mer, allez en Amérique, vous trouverez tout cela ; le monde change en Amérique : plus de vieux monde, plus de ruines, plus de chefs-d’œuvre, plus de grande ville qui prolonge son ombre gigantesque sur des marbres géans comme à Rome, plus d’histoire antique, plus de saint Louis qui meurt pour sa foi, plus de reine de Carthage au sommet du bûcher, plus de lieux consacrés par la poésie comme à Carthage,