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l’inspiration, que le travail et l’étude corrompent le souffle poétique. Nous nous efforcions à l’ignorance pour obtenir la pureté. Nous croyions à l’inspiration qui est rêve, qui est présence, qui est conscience, qui est choc sensible, qui est mûrissement. Nous nous détournions de tout ce qui n’est pas quintessence de sentiment.

Un jour, dans l’autobus qui me ramenait à la ville après un déjeûner d’amis dans la banlieue, je m’assoupis. Mes compagnons me croyant endormi donnèrent libre cours à leurs moqueries. Ils se gaussèrent de ma crédulité de provincial. Je ne perdais rien de leurs propos. Je continuai de feindre le sommeil, mais au moment de descendre, je ne pus dissimuler mon désespoir. Ils comprirent que j’avais entendu leurs plaisanteries et le groupe se dispersa brusquement.

Je ne voulus pas tout d’abord admettre que je m’étais trompé. Je crus mes compagnons poussés par l’envie. Mais la lecture attentive que je fis de mes poèmes ne me laissa aucun doute. Je voyais cruellement leur impuissance à représenter, quelques mois seulement après leur com-