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«de percer jusques aux Pyrénées, et s'opposèrent à son passage»
« de percer jusques aux Pyrénées, et s’opposèrent à son passage »
... «bâtirent la ville d'Arreau» et que c'est de là qu'elle tire son
« bâtirent la ville d’Arreau » et que c’est de là qu’elle tire son
nom<ref>
nom<ref>
A. A. ''Itinéraire topographique et historique des Hautes-Pyrénées...'' 1 vol.
A. A. ''Itinéraire topographique et historique des Hautes-Pyrénées…'' 1 vol.
in-8°. Paris, Tarbes et Bagnères, 1833 (3{{e}} édition, p. 205-206).
in-8°. Paris, Tarbes et Bagnères, 1833 (3{{e}} édition, p. 205-206).
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''Arréou, Arriéou, Réou, Riéou, Arrîou, Rîou,'' etc., je l'ai déjà
''Arréou, Arriéou, Réou, Riéou, Arrîou, Rîou, '' etc., je l’ai déjà
dit, signifient «rivière, ruisseau». La petite ville d'''Arréou'' (Arreau),
dit, signifient « rivière, ruisseau ». La petite ville d'''Arréou'' (Arreau),
située au confluent de trois grandes vallées, bâtie sur les rives des
située au confluent de trois grandes vallées, bâtie sur les rives des
trois ''Nestes''<ref>
trois ''Nestes''<ref>
''Neste'', dans les Hautes-Pyrénées et la Haute-Garonne est synonyme de
''Neste'', dans les Hautes-Pyrénées et la Haute-Garonne est synonyme de
«rivière». C'est un nom générique au même titre que ''Garonne, Gave, Adour,'' etc.
« rivière ». C’est un nom générique au même titre que ''Garonne, Gave, Adour, '' etc.
</ref> qui les arrosent, n'a rien à voir avec les ''Arevaces''
</ref> qui les arrosent, n’a rien à voir avec les ''Arevaces''
ou les ''Arevaci'' quant à la formation étymologique de son nom.
ou les ''Arevaci'' quant à la formation étymologique de son nom.
C'est bien la ''bilo d'Arréou'', comme disent les indigènes, c'est-à-dire
C’est bien la ''bilo d’Arréou'', comme disent les indigènes, c’est-à-dire
«la ville de la rivière», que s'appelle Arreau, et ce nom caractérise
« la ville de la rivière », que s’appelle Arreau, et ce nom caractérise
parfaitement sa position géographique.
parfaitement sa position géographique.


En Provence, les mots ''Bâou, Bôou,'' — usités notamment dans
En Provence, les mots ''Bâou, Bôou, '' — usités notamment dans
le petit massif montagneux dressé au Nord de la ''Crâou'' (Crau)
le petit massif montagneux dressé au Nord de la ''Crâou'' (Crau)
d'Arles, entre le Rhône et la Durance, et dans les Alpes-Maritimes,
d’Arles, entre le Rhône et la Durance, et dans les Alpes-Maritimes,
s'appliquent à des escarpements soutenant les crêtes et les cimes,
s’appliquent à des escarpements soutenant les crêtes et les cimes,
de même qu'aux gros quartiers de pierres encombrant le lit des
de même qu’aux gros quartiers de pierres encombrant le lit des
torrents.
torrents.


Entre la Cagne et la rive droite du Var se trouve ''lou Bâou de San-Jannét''
Entre la Cagne et la rive droite du Var se trouve ''lou Bâou de San-Jannét''
(Bau de Saint-Jannet), et au Nord de celui-ci ''lou Bâou de la''
(Bau de Saint-Jannet), et au Nord de celui-ci ''lou Bâou de la''
''Gôoude'' (Bau de la Gaude), c'est-à-dire «l'escarpement de la forêt».
''Gôoude'' (Bau de la Gaude), c’est-à-dire « l’escarpement de la forêt ».


Il y a encore ''lou Bâou-Blanc'' (Bau-Blanc) et ''lou Bâou-Négré'' (Bau-Noir).
Il y a encore ''lou Bâou-Blanc'' (Bau-Blanc) et ''lou Bâou-Négré'' (Bau-Noir).
''Lou Bâou dé quatr’ouros'' (rocher de quatre heures) est à Toulon,
''Lou Bâou dé quatr’ouros'' (rocher de quatre heures) est à Toulon,
etc.: Le mépris de la forme dialectique et le goût exagéré
etc. : Le mépris de la forme dialectique et le goût exagéré
de la francisation ont fait que tous ces ''Bâous'' ont été transformés
de la francisation ont fait que tous ces ''Bâous'' ont été transformés
en «Bau». Cette transfiguration de la forme primitive, regrettable
en « Bau ». Cette transfiguration de la forme primitive, regrettable
à tous égards, a occasionné bien des méprises. C'est ainsi que,
à tous égards, a occasionné bien des méprises. C’est ainsi que,
pour avoir confondu le substantif provençal ''Bâou'' «rocher, masse
pour avoir confondu le substantif provençal ''Bâou'' « rocher, masse
de pierre», avec l'adjectif «Beau, Bel», du ''Bâou-Blanc'' on en a fait
de pierre », avec l’adjectif « Beau, Bel », du ''Bâou-Blanc'' on en a fait
le «Beau-Blanc», et du ''Bâou-Négré'' le «Beau-Nègre!».
le « Beau-Blanc », et du ''Bâou-Négré'' le « Beau-Nègre ! ».


Quant au ''Bâou-Baisso'' «escarpement, rocher du bas-fond», celui-ci
Quant au ''Bâou-Baisso'' « escarpement, rocher du bas-fond », celui-ci
a été travesti de façon encore plus divertissante que les précédents.
a été travesti de façon encore plus divertissante que les précédents.
D'abord, selon la coutume, on a donné à ''Bâou'' la forme de
D’abord, selon la coutume, on a donné à ''Bâou'' la forme de
«Bau»; ''Baïsso''<ref name="p13">
« Bau » ; ''Baïsso''<ref name="p13" >
''Baïssa, Baïsse, Baïsso, Baïssière, Bassia, Bassiaret'' (dimin.), etc., signifient les endroits les plus bas d'une plaine ou d'un plateau de montagnes, les {{tiret|en|droits}}
''Baïssa, Baïsse, Baïsso, Baïssière, Bassia, Bassiaret'' (dimin.), etc., signifient les endroits les plus bas d’une plaine ou d’un plateau de montagnes, les {{tiret|en|droits}}
</ref> «dépression de terrain, bas-fond, lieu bas»,
</ref> « dépression de terrain, bas-fond, lieu bas »,