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humiliations, toutes les misères, matérielles et morales d’une enfance dénuée et orpheline. A en juger par le ton geignard et haineux de son second livre, Rose Romain n’a pas rencontré la revanche qui lui était due. On connaît l’égoïsme hargneux des malades, et la douleur continue est une hien terrible maladie. Rose Romain a toujours à se plaindre des choses et des hommes, toujours à pleurnicher ou à juger sévèrement. Elle se plaint de n’avoir pas eu du pain tous les jours ; elle se plaint d’avoir été humiliée par ceux qui avaient trop de viande (et il n’y a dans cette lamentation ni colère passionnée ni hauteur de dédain) ; elle se plaint d’avoir été appelée « tourmentée » et « décadente » par les critiques ; elle se plaint surtout de la « méchanceté inconsciente du mâle ».
humiliations, toutes les misères, matérielles et morales d’une enfance dénuée et orpheline. A en juger par le ton geignard et haineux de son second livre, Rose Romain n’a pas rencontré la revanche qui lui était due. On connaît l’égoïsme hargneux des malades, et la douleur continue est une bien terrible maladie. Rose Romain a toujours à se plaindre des choses et des hommes, toujours à pleurnicher ou à juger sévèrement. Elle se plaint de n’avoir pas eu du pain tous les jours ; elle se plaint d’avoir été humiliée par ceux qui avaient trop de viande (et il n’y a dans cette lamentation ni colère passionnée ni hauteur de dédain) ; elle se plaint d’avoir été appelée « tourmentée » et « décadente » par les critiques ; elle se plaint surtout de la « méchanceté inconsciente du mâle ».


Et c’est sa misandrie qui la rend ridicule et intéressante. La misogynie n’est rare ni chez les hommes, ni même chez les écrivains. Il suffit de rappeler Euripide, La Fontaine et l’Alfred de Vigny de la ''Colère de Samson''. La femme n’est guère moins portée à ce genre de généralisations hâtives et dans la conversation nous surprenons à chaque instant des expressions de la misandrie. Quoique prétende Frédéric Loliée, la littérature féminine — trop imitatrice jusqu’ici — en est encore avare. On trouve des traces de ce sentiment dans les journaux et revues qui combattent l’omnipotence
Et c’est sa misandrie qui la rend ridicule et intéressante. La misogynie n’est rare ni chez les hommes, ni même chez les écrivains. Il suffit de rappeler Euripide, La Fontaine et l’Alfred de Vigny de la ''Colère de Samson''. La femme n’est guère moins portée à ce genre de généralisations hâtives et dans la conversation nous surprenons à chaque instant des expressions de la misandrie. Quoique prétende Frédéric Loliée, la littérature féminine — trop imitatrice jusqu’ici — en est encore avare. On trouve des traces de ce sentiment dans les journaux et revues qui combattent l’omnipotence