« Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 12.djvu/505 » : différence entre les versions

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{{c|VIII. JALOUSIE DE LOUVOIS CONTRE SEIGNELAY.}}


{{c|VIII. JALOUSIE DE LOUVOIS CONTRE SEIGNELAY.}}
Les documents contemporains confirment pleinement ce que dit Saint-Simon de la jalousie de Louvois contre Seignelay, jalousie ''qui écrasa la marine''. On retranchoit des fonds à la marine pour les prodiguer dans des fêtes que dirigeoit Louvois. La révocation de l’édit de Nantes enleva un grand nombre de soldats à la flotte, « et des meilleurs <ref>« Nos matelots n’étaient pas en grand nombre ; la religion en avait fait évader une infinité des meilleurs. » (Mémoires de Mme de La Fayette, année 1689 ; édit. Petitot, p. 90.)</ref>. » Louvois s’opposoit aux expéditions qui pouvoient élever la gloire de son rival <ref>« M. de Louvois, ministre de la guerre qui par son opposition à M. de Seignelay, ministre de la marine, était contraire en tout au roi d’Angleterre, s’opposa si fortement à ce projet (d’une invasion en Angleterre) que le roi très chrétien persuadé par ses raisons n’y voulut pas consentir. » (Mémoires de Berwick ; édit. Petilot, p. 353.)</ref> ; il alla jusqu’à faire raser des places et citadelles situées sur les côtes de l’Océan :
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Les documents contemporains confirment pleinement ce que dit Saint-Simon de la jalousie de Louvois contre Seignelay, jalousie ''qui écrasa la marine''. On retranchoit des fonds à la marine pour les prodiguer dans des fêtes que dirigeoit Louvois. La révocation de l’édit de Nantes enleva un grand nombre de soldats à la flotte, « et des meilleurs<ref>« Nos matelots n’étaient pas en grand nombre ; la religion en avait fait évader une infinité des meilleurs. » (''Mémoires de Mme de La Fayette'', année 1689 ; édit. Petitot, p. 90.)</ref>. » Louvois s’opposoit aux expéditions qui pouvoient élever la gloire de son rival<ref>« M. de Louvois, ministre de la guerre qui par son opposition à M. de Seignelay, ministre de la marine, était contraire en tout au roi d’Angleterre, s’opposa si fortement à ce projet (d’une invasion en Angleterre) que le roi très chrétien persuadé par ses raisons n’y voulut pas consentir. » (''Mémoires de Berwick ;'' édit. Petilot, p. 353.)</ref> ; il alla jusqu’à faire raser des places et citadelles situées sur les côtes de l’Océan :


« En 1688, dit Foucault <ref>Foucault était alors intendant de Caen. Son journal inédit est conservé à la Bibliothèque Impériale. Saint-Simon parle plusieurs fois de ce Nicolas Foucault et en fait l’éloge.</ref>, le roi avoit fait travailler à la citadelle de Cherbourg par M. de Vauban ; elle étoit fort avancée, lorsque M. de Louvois, ''pour donner du chagrin à M. de Seignelay plutôt que pour le bien de la place'', obtint du roi un ordre pour la faire démolir, aussi bien que le châtelet de Valognes, sous prétexte que le prince d’Orange, ayant formé le dessein de faire une descente en Normandie, se saisiroit de cette place. Il étoit mal informé ; car le prince d’Orange pensoit à détrôner son beau-frère et à descendre en Angleterre. La démolition de Cherbourg étoit achevée, lorsque je suis venu en basse Normandie, et il ne m’a resté qu’à régler les comptes des entrepreneurs de la démolition. »
« En 1688, dit Foucault<ref>Foucault était alors intendant de Caen. Son journal inédit est conservé à la Bibliothèque Impériale. Saint-Simon parle plusieurs fois de ce Nicolas Foucault et en fait l’éloge.</ref>, le roi avoit fait travailler à la citadelle de Cherbourg par M. de Vauban ; elle étoit fort avancée, lorsque M. de Louvois, ''pour donner du chagrin à M. de Seignelay plutôt que pour le bien de la place'', obtint du roi un ordre pour la faire démolir, aussi bien que le châtelet de Valognes, sous prétexte que le prince d’Orange, ayant formé le dessein de faire une descente en Normandie, se saisiroit de cette place. Il étoit mal informé ; car le prince d’Orange pensoit à détrôner son beau-frère et à descendre en Angleterre. La démolition de Cherbourg étoit achevée, lorsque je suis venu en basse Normandie, et il ne m’a resté qu’à régler les comptes des entrepreneurs de la démolition. »


Foucault ajoute un peu plus loin : « J’ai été retenu à Cherbourg, où je n’ai trouvé qu’un chaos de débris de tours, de bastions et de murailles renversées. Il y avoit autrefois un château ; M. de Vauban, ayant cru le poste important, le fit enceindre de fortifications régulières, et la dépense fut considérable ; mais à peine furent-elles au cordon que M. de Louvois, ennemi juré de M. de Seignelay, secrétaire d’État de la marine, fit comprendre au roi que cette place étoit commandée par des hauteurs ; que si les Anglois faisoient une descente à
Foucault ajoute un peu plus loin : « J’ai été retenu à Cherbourg, où je n’ai trouvé qu’un chaos de débris de tours, de bastions et de murailles renversées. Il y avoit autrefois un château ; M. de Vauban, ayant cru le poste important, le fit enceindre de fortifications régulières, et la dépense fut considérable ; mais à peine furent-elles au cordon que M. de Louvois, ennemi juré de M. de Seignelay, secrétaire d’État de la marine, fit comprendre au roi que cette place étoit commandée par des hauteurs ; que si les Anglois faisoient une descente à