« Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 12.djvu/483 » : différence entre les versions

AkBot (discussion | contributions)
Pywikibot touch edit
sections
 
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
de cœur ; et étant pétri ainsi par la nature, il a cru devoir se replier aux caresses pour avoir des femmes dans sa jeunesse, et pour s’attirer des amis à qui il fût utile et qui le fussent à son avancement ; d’où est arrivé que, par des caresses forcées, spirituelles et bilieuses, il a toujours passé le but dans les sentiments témoignés et dans les promesses faites depuis qu’il est en place, et quand il a voulu obtenir quelque chose de quelqu’un, il a également donné dans cet excès de promettre plus de beurre que de pain ; ce qui lui a attiré des ennemis de ceux même à qui il faisoit du bien, et ''a fortiori'' des autres, à qui il n’en faisoit pas.
<section begin="fin"/>de cœur ; et étant pétri ainsi par la nature, il a cru devoir se replier aux caresses pour avoir des femmes dans sa jeunesse, et pour s’attirer des amis à qui il fût utile et qui le fussent à son avancement ; d’où est arrivé que, par des caresses forcées, spirituelles et bilieuses, il a toujours passé le but dans les sentiments témoignés et dans les promesses faites depuis qu’il est en place, et quand il a voulu obtenir quelque chose de quelqu’un, il a également donné dans cet excès de promettre plus de beurre que de pain ; ce qui lui a attiré des ennemis de ceux même à qui il faisoit du bien, et ''a fortiori'' des autres, à qui il n’en faisoit pas.


« Et voilà la vraie source du peu de justice à lui rendue sur la franchise, puisqu’on l’a fait passer au contraire pour un homme qui fourboit du matin au soir, tandis que je soutiendrai que c’est l’homme le plus franc que j’aie jamais connu, et je n’aime les hommes et les femmes que tels. »
« Et voilà la vraie source du peu de justice à lui rendue sur la franchise, puisqu’on l’a fait passer au contraire pour un homme qui fourboit du matin au soir, tandis que je soutiendrai que c’est l’homme le plus franc que j’aie jamais connu, et je n’aime les hommes et les femmes que tels. »
<section end="fin"/>
<section begin="debut"/><nowiki />




{{c|III. ANNE D'AUTRICHE ET MAZARIN.}}
{{c|III. ANNE D'AUTRICHE ET MAZARIN.}}
{{interligne}}

{{Centré|Page 170.}}
Saint-Simon a caractérisé brièvement, mais avec force et vérité, les relations d’Anne d’Autriche et de Mazarin. On l’a vu, dit-il, en parlant de ce ministre, maltraiter la reine mère en la dominant toujours (p. 170 du présent volume). La correspondance de Mazarin prouve, en effet, qu’il avoit pris un grand ascendant sur Anne d’Autriche, et qu’il la traitoit parfois avec une certaine rudesse. Comment expliquer cette domination du ministre sur sa souveraine ? La question est délicate, et l’histoire ne doit pas la résoudre avec la légèreté des pamphlétaires de la Fronde. Ce que l’on peut du moins affirmer et prouver par des pièces d’un caractère authentique, c’est que la correspondance d’Anne d’Autriche et de Mazarin n’a nullement le caractère d’une correspondance officielle. J’ai réuni ici un certain nombre de lettres écrites <ref>Quelques-unes de ces lettres ont déjà été publiées par M. Cousin, dans son étude historique sur Mme de Hautefort. Elles sont autographes et se trouvent à la Bibl. Imp., ms., Boîtes du Saint-Esprit, n° 177.</ref> par Anne d’Autriche à
{{interligne}}
Saint-Simon a caractérisé brièvement, mais avec force et vérité, les relations d’Anne d’Autriche et de Mazarin. On l’a vu, dit-il, en parlant de ce ministre, maltraiter la reine mère en la dominant toujours (p. 170 du présent volume). La correspondance de Mazarin prouve, en effet, qu’il avoit pris un grand ascendant sur Anne d’Autriche, et qu’il la traitoit parfois avec une certaine rudesse. Comment expliquer cette domination du ministre sur sa souveraine ? La question est délicate, et l’histoire ne doit pas la résoudre avec la légèreté des pamphlétaires de la Fronde. Ce que l’on peut du moins affirmer et prouver par des pièces d’un caractère authentique, c’est que la correspondance d’Anne d’Autriche et de Mazarin n’a nullement le caractère d’une correspondance officielle. J’ai réuni ici un certain nombre de lettres écrites<ref>Quelques-unes de ces lettres ont déjà été publiées par M. Cousin, dans son étude historique sur Mme de Hautefort. Elles sont autographes et se trouvent à la Bibl. Imp., ms., Boîtes du Saint-Esprit, n° 177.</ref> par Anne d’Autriche à
<section end="debut"/>