« Page:Dostoïevski - Crime et chatiment, tome 1.djvu/18 » : différence entre les versions

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<section begin="chapitre1"/>{{tiret2|consom|mateur}} paraissait être un ancien fonctionnaire. Assis à l’écart, il portait de temps à autre son verre à ses lèvres et regardait autour de lui. Il semblait, lui aussi, en proie à une certaine agitation.
<section begin="chapitre1"/>{{tiret2|consom|mateur}} paraissait être un ancien fonctionnaire. Assis à l’écart, il portait de temps à autre son verre à ses lèvres et regardait autour de lui. Il semblait, lui aussi, en proie à une certaine agitation.
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Raskolnikoff n’était pas habitué à la foule, et, comme nous l’avons dit, depuis quelque temps surtout, il fuyait le commerce de ses semblables. Mais maintenant il se sentait attiré tout à coup vers les hommes. Une sorte de révolution semblait s’opérer en lui, l’instinct de sociabilité reprenait ses droits. Livré pendant tout un mois aux rêves malsains qu’engendre la solitude, notre héros était si fatigué de son isolement qu’il voulait se retrouver, ne fût-ce qu’une minute, dans un milieu humain. Aussi, quelque sale que fût ce cabaret, il s’y attabla avec un vrai plaisir.
Raskolnikoff n’était pas habitué à la foule, et, comme nous
l’avons dit, depuis quelque temps surtout, il fuyait le commerce de ses semblables. Mais maintenant il se sentait attiré tout à coup vers les hommes. Une sorte de révolution semblait s’opérer en lui, l’instinct de sociabilité reprenait ses droits. Livré pendant tout un mois aux rêves malsains qu’engendre la solitude, notre héros était si fatigué de son isolement qu’il voulait se retrouver, ne fût-ce qu’une minute, dans un milieu humain. Aussi, quelque sale que fût ce cabaret, il s’y attabla avec un vrai plaisir.


Le maître de l’établissement se tenait dans une autre pièce, mais il faisait de fréquentes apparitions dans la salle. Dès le seuil, ses belles bottes à larges revers rouges attiraient tout d’abord le regard. Il portait une paddiovka, un gilet de satin noir horriblement taché de graisse, et pas de cravate. Tout son visage était comme frotté d’huile. Un garçon de quatorze ans était assis au comptoir, un autre plus jeune servait les clients. Les victuailles exposées en montre étaient des tranches de concombre, des biscuits noirs et du poisson coupé en petits morceaux. Le tout exhalait une odeur infecte. La chaleur était insupportable et l’atmosphère si chargée de vapeurs alcooliques qu’il semblait qu’on dût devenir ivre après cinq minutes passées dans cette salle.<section end="chapitre2"/>
Le maître de l’établissement se tenait dans une autre pièce, mais il faisait de fréquentes apparitions dans la salle. Dès le seuil, ses belles bottes à larges revers rouges attiraient tout d’abord le regard. Il portait une paddiovka, un gilet de satin noir horriblement taché de graisse, et pas de cravate. Tout son visage était comme frotté d’huile. Un garçon de quatorze ans était assis au comptoir, un autre plus jeune servait les clients. Les victuailles exposées en montre étaient des tranches de concombre, des biscuits noirs et du poisson coupé en petits morceaux. Le tout exhalait une odeur infecte. La chaleur était insupportable et l’atmosphère si chargée de vapeurs alcooliques qu’il semblait qu’on dût devenir ivre après cinq minutes passées dans cette salle.<section end="chapitre2"/>