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excellence l’expression matérielle de ce qu’il y a de commun, de lié, de solidaire dans ces amas de vies individuelles et de cellules familiales, qui, juxtaposées et serrées en un point de l’espace, créent cette excroissance de surface, cette tache bigarrée, cette espèce de tumeur géographique que nous appelons une ville.

On a dit ailleurs combien les historiens d’aujourd’hui deviennent attentifs à tous ces faits de surface, maisons et chemins, cultures et élevages, carrières et mines, qui sont comme la projection du vouloir humain sur la partie superficielle de l’écorce terrestre. Dans cette maison de haute science, refuge et foyer de disciplines neuves, vous ne serez pas surpris de constater que l’histoire s’est étonnamment rapprochée de la géographie. Mr Camille Jullian, l’historien des Gaules, qui mériterait de plus en plus le beau titre d'historien du sol national, a, l'an passé, dans son cours du vendredi, traité de la « formation topographique des villes ». Il a recherché quelles étaient les vicissitudes originelles des cités ; il a traité non seulement du rempart et du sanctuaire, mais de la source et du marché ; il a examiné, documents historiques à l’appui et cartes en main, Tintluence des villes sur les routes et des routes ou des ports sur les villes. De son côté, M*" Georges Renard, professeur de l’Histoire du Travail, étant parvenu adresser un tableau de l’évolution agricole depuis cent cinijuante ans, a non seulement indiqué les progrès des méthodes culturales dus au progrès de toutes les sciences chimiques et biologiques, mais il a montré le résultat, c’est-à-dire « les terrains conquis sur îa mer, sur les marais, sur les dunes, sur les déserts et les broussailles », et il a indiqué « les migrations et variations des plante-^ utiles ou agréables à l’homme ".

Toutes les grandes civilisations de l’Asie, mère de nos civili>ations à nous, se sont exprimées, tantôt par de magnifiques et complexes réseaux des canaux d’irrigation, lantôl par d'innombrabh'> troupeaux de moutons ou de chevaux, tantôt, — et ce furent les plus fortes, — par des oasis de cultures associées à des richesses animales (jue gouvernèrent de hardis pasteurs sur les (’-tendues herbeuse^ <1<’ steppes immenses ’ .

1. .< Chaque fois que, dans Itiistoire. nous trouvons la Mésopotamie au pouvoir d’un Peuple qui sait la défendre conti-e les nomades, Tadministrer et y établir un hon régime des eaux, une prospérité inouie s’y développe ; la terre généreuse rend au centuple, le grain qui lui est confié. Quand le Turc y règne, l’anarchie s’yinstalle avec lui, les canaux s’engorgent, les i Arabes du désert y font la loi, et le pays tombe dans l’état d’insécurité, de misère et de stérilité où nous le voyons aujourd’hui. Il suffirait d’une bonne police et d’une remise en état du réseau d’irrigation, dont l’ingénieur Willcocks a établi le devis, pour que cette terre, qui a vu Babylone, Ninive, Ctésiphon, Bagdad, redevienne l’une des plus luxuriantes du globe. Ainsi l’intervention de l’homme modifie profondément l’aspect géographique d’un même pays ; son action est lantùt conquérante, tantôt conservatrice, tantôt destructive. ■ (René Pi :on, Lu. Géo</i<iphie Humaine, dans la Revue Uehdoiiiadaire, 1911, p. 180.)