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Il est certain que le daguerréotype, et après lui la photographie, ont apporté des avantages nombreux dans le domaine des sciences, des arts et de l’industrie. Ils sont assez connus, pour qu’il ne soit pas nécessaire de les énumérer. Cependant, le daguerréotype peut-il remplacer, comme on l’a dit, le dessin et la peinture ?

L’art vit d’étude et d’inspiration. Il procède par choix, et combine des effets différents et éloignés, pour les réunir sur une même scène, sur un même point. Ainsi, il n’est pas la représentation exacte de la nature ; il prend en elle ce qui lui convient et dédaigne ou repousse le reste. Sans doute, ces préférences ne sont pas arbitraires, mais elles sont réelles ; et si l’on peut dire que des productions bien comprises et heureusement exécutées sont la nature, on ne peut pas dire qu’elles soient toute la nature. Le daguerréotype, au contraire, opère mathématiquement ; il produit l’identité de la forme, il représente son modèle jusque dans les détails les plus intimes, dans les traits les moins sensibles. La nature entière obéit à son objectif, et tout ce qu’elle renferme peut venir docilement graver son image, en quelques secondes, sur le cuivre, le verre, ou le papier.

Voilà d’abord une différence. S’il s’agit de l’exécution, de sa promptitude et de sa fidélité, il n’y a pas de doute sur la supériorité du daguerréotype. Mais on ne fait pas de l’art dans un intérêt étroit et égoïste. Le daguerréotype après avoir saisi la nature peut la propager sans doute, et multiplier les épreuves ; mais il a recours à l’art et il demande à la gravure de reproduire ce qu’il a si heureusement surpris à la nature. Pour être graveur ou lithographe, il faut être dessinateur. Ainsi, le dessin arrive comme complément nécessaire, indispensable, du daguerréotype. Il a été facile de s’en apercevoir, même au milieu de ce premier mouvement des esprits que l’inquiétude saisit, que les nouveaux résultats transportent, et qui ne s’ouvrent pas ainsi toujours à la vérité.

Pour le portrait, une bonne photographie est un guide sûr. Elle évite au modèle de longues et ennuyeuses séances, et elle garantit une exactitude parfaite. Le peintre d’histoire ne quitte pas son atelier, pendant que le photographe va chercher au loin l’image fidèle d’un champ de bataille, la vue d’un monument, le caractère exact d’un costume.