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rement les imaginations, la Garde noire avait été jusque-là préservée de l’un ou de l’autre de ces fléaux. Soit qu’elle fut nourrie avec plus de soin, soit qu’elle se composât d’hommes robustes, élite des tribus africaines, elle avait merveilleusement résisté à toutes les fatigues, et son effectif, encore accru par des enrôlements enthousiastes pendant la marche de Syrie sur la mer de Marmara, s’élevait à cette heure à 480.000 hommes dont 110.000 de cavalerie. A ce noyau choisi, le Sultan avait assigné pour objectif Constantinople elle-même ; il l’avait concentré, son infanterie en première ligne, dans la presqu’ile de Scutari où avaient été rassemblés tous les approvisionnements nécessaires, et il avait disposé sa cavalerie dans les pâturages du fleuve Sakaria et du golfe d’Ismid, où se mirent les ruines de Nicomédie.

C’était donc ce premier torrent de l’Invasion noire que le Sultan avait sous les yeux, à cette heure où son œil d’aigle embrassait la réalisation de son premier désir et où, rêveur et semblant ne rien entendre autour de lui, il ne quittait pas du regard la vaste tache blanche de Stamboul, dont la ligne magnifiquement accidentée ondulait entre le ciel et l’eau. Que de souvenirs s’agitaient sous ce crâne olympien ! Que revoyait-il dans le passé ? les cérémonies du Selamlik, ses visites du vendredi à la mosquée de Sainte-Sophie, au milieu d’une foule immense ; ses réceptions luxueuses, toute une armée de fonctionnaires à genoux devant lui. Rien de tout cela

Appuyé sur l’épaule d’Omar, il semblait hypnotisé par un point de ce vaste panorama, et celui qui eût pu lire dans son âme y eût trouvé le nom que, depuis dix-huit ans, il avait défendu de prononcer devant lui celui de la sultane Hézia.

Car elle était là, dans ce grand bâtiment qui découpait ses longues murailles crénelées sur des rideaux de térébinthes et de cyprès. C’était là, à la pointe du sérail, au delà de l’eau bleue dont le courant rapide lave ses murailles mystérieuses qu’était le harem, là qu’Abd-ul-M’hamed avait passé ses meilleures heures de règne auprès de sa Circassienne favorite, mère d’Omar là enfin qu’elle s’était donnée à l’usurpateur derrière les fenêtres treillissée et les grillages verts.