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CLARA ZETKIN

et dans lequel on sentait tant de bonté et une si grande assurance de vaincre.

J’ai entendu le rapport de Lénine sur la révolution russe ; c’est le rapport d’un homme qui est guéri, d’un homme qui a une volonté de fer et qui veut vivre, pour que son génie créateur façonne la vie sociale ; ce sont les paroles d’un homme qui est guéri, et vers qui, pourtant, la mort impitoyable étend déjà son bras décharné. Je garde précieusement le souvenir de cette dernière fois où Lénine a fait œuvre historique. Mais je n’ai pas gravé moins précieusement dans ma mémoire la fin du dernier entretien personnel que j’ai eu avec lui — si l’on ne tient pas compte de quelques brefs échanges d’idées lors de rencontres fortuites. Cet entretien-là rejoint et complète le premier que j’ai eu avec lui sur un sujet non politique. Dans l’un comme dans l’autre, c’est le même Lénine, Lénine tout entier. Lénine, qui voyait le grand côté des petites choses, et par qui le moindre détail était saisi et mesuré dans son rapport étroit avec l’ensemble. Lénine, qui reconnaissait selon l’esprit de Marx que la culture du peuple et la révolution se conditionnent mutuellement, pour qui l’éducation du peuple s’achevait en révolution, et la révolution de son côté en éducation du peuple. Lénine, qui aimait d’un amour ardent, désintéressé, le peuple travailleur, et en particulier les enfants, qui sont l’avenir de ce peuple, l’avenir du communisme. Lénine, qui n’était pas moins grand par le cœur