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si simples que soient les rapports considérés, et si larges que soient les bases de l’observation ? Et, si l’ensemble varie, ne faut-il pas qu’il y ait dans les détails quelque rudiment de contingence ? Est-il étrange d’ailleurs qu’on ne puisse discerner dans l’infiniment petit les causes du changement de l’infiniment grand, lorsque, dans cet infiniment grand lui-même, le changement est presque imperceptible ?
si simples que soient les rapports considérés, et si larges que soient les bases de l’observation ? Et, si l’ensemble varie, ne faut-il pas qu’il y ait dans les détails quelque rudiment de contingence ? Est-il étrange d’ailleurs qu’on ne puisse discerner dans l’infiniment petit les causes du changement de l’infiniment grand, lorsque, dans cet infiniment grand lui-même, le changement est presque imperceptible ?


La réalité du changement n’est pas moins évidente que la réalité-de la permanence ; et, si l’on peut concevoir que deux changements opérés en sens inverse engendrent la permanence, il est inintelligible que la permanence absolue suscite le changement. C’est donc le changement qui est le principe ; la permanence n’est qu’un résultat : et ainsi les choses doivent admettre le changement jusque dans leurs relations les plus immédiates.
La réalité du changement n’est pas moins évidente que la réalité de la permanence ; et, si l’on peut concevoir que deux changements opérés en sens inverse engendrent la permanence, il est inintelligible que la permanence absolue suscite le changement. C’est donc le changement qui est le principe ; la permanence n’est qu’un résultat : et ainsi les choses doivent admettre le changement jusque dans leurs relations les plus immédiates.


Mais, s’il n’existe pas de point fixe sur lequel on puisse faire reposer les variations des choses, la loi de causalité, qui affirme la conservation absolue de l’être de la nature des choses, ne s’applique pas exactement aux données de l’expérience. Elle exprime, sans doute, une manière d’être extrêmement générale ; mais, en présentant cette manière d’être comme absolument indépendante de son contraire, lequel pourtant n’est pas moins réel et primordial, en posant la détermination et la permanence avant le changement et la vie, elle trahit l’intervention originale de l’entendement, qui, au lieu de se borner à observer la réalité, lui prête une forme adaptée à ses propres tendances. La loi de causalité, sous sa forme abstraite et absolue, peut donc être à bon droit la maxime pratique de la science, dont l’objet est de suivre un à un les fils de la trame infinie ; mais elle n’apparaît plus que comme une vérité incomplète et relative, lorsque l’on essaye de se représenter l’entrelacement universel, la pénétration réciproque du changement et de la permanence,
Mais, s’il n’existe pas de point fixe sur lequel on puisse faire reposer les variations des choses, la loi de causalité, qui affirme la conservation absolue de l’être, de la nature des choses, ne s’applique pas exactement aux données de l’expérience. Elle exprime, sans doute, une manière d’être extrêmement générale ; mais, en présentant cette manière d’être comme absolument indépendante de son contraire, lequel pourtant n’est pas moins réel et primordial, en posant la détermination et la permanence avant le changement et la vie, elle trahit l’intervention originale de l’entendement, qui, au lieu de se borner à observer la réalité, lui prête une forme adaptée à ses propres tendances. La loi de causalité, sous sa forme abstraite et absolue, peut donc être à bon droit la maxime pratique de la science, dont l’objet est de suivre un à un les fils de la trame infinie ; mais elle n’apparaît plus que comme une vérité incomplète et relative, lorsque l’on essaye de se représenter l’entrelacement universel, la pénétration réciproque du changement et de la perma-