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le progrès de l’observation, de la comparaison, de la réflexion et de l’abstraction, c’est-à-dire de l’expérience interprétée, mais non suppléée, par l’entendement, qui a fait voir qu’un changement n’est jamais quelque chose d’entièrement nouveau ; que tout changement est le corrélatif d’un autre changement survenu dans les conditions au milieu desquelles il se produit, et que le rapport qui unit tel changement à tel autre est invariable.
préjugés. C’est le progrès de l’observation, de la comparaison, de la réflexion et de l’abstraction, c’est-à-dire de l’expérience interprétée, mais non suppléée, par l’entendement, qui a fait voir qu’un changement n’est jamais quelque chose d’entièrement nouveau ; que tout changement est le corrélatif d’un autre changement survenu dans les conditions au milieu desquelles il se produit, et que le rapport qui unit tel changement à tel autre est invariable.

On ne peut donc dire que le principe de causalité qui régit la science soit une loi dictée par l’esprit aux choses. Dans les termes où l’esprit l’imposerait aux choses, l’être donné, c’est-à-dire les phénomènes, ne saurait le réaliser ; et, d’autre part, la formule qui s’applique aux phénomènes ne contient que des éléments dérivés de l’expérience.
On ne peut donc dire que le principe de causalité qui régit la science soit une loi dictée par l’esprit aux choses. Dans les termes où l’esprit l’imposerait aux choses, l’être donné, c’est-à-dire les phénomènes, ne saurait le réaliser ; et, d’autre part, la formule qui s’applique aux phénomènes ne contient que des éléments dérivés de l’expérience.


Il n’en reste pas moins que cette formule énonce l’existence d’un rapport invariable entre tel changement et tel autre. Or, si l’invariabilité n’équivaut pas, en soi, à la nécessité interne, d’une part elle ne l’exclut nullement, elle en est même le symbole extérieur ; d’autre part elle établit entre les modes de l’être ce qu’on peut appeler une nécessité de fait. Ne s’ensuit-il pas que le principe de la liaison nécessaire des phénomènes mérite toute confiance au point de vue pratique, et est, même au point de vue théorique, plus vraisemblable que son contraire ?
Il n’en reste pas moins que cette formule énonce l’existence d’un rapport invariable entre tel changement et tel autre. Or, si l’invariabilité n’équivaut pas, en soi, à la nécessité interne, d’une part elle ne l’exclut nullement, elle en est même le symbole extérieur ; d’autre part elle établit entre les modes de l’être ce qu’on peut appeler une nécessité de fait. Ne s’ensuit-il pas que le principe de la liaison nécessaire des phénomènes mérite toute confiance au point de vue pratique, et est, même au point de vue théorique, plus vraisemblable que son contraire ?

On ne peut nier que l’idée de ce principe n’ait été le nerf de la connaissance scientifique. La science est née le jour où l’homme a conçu l’existence de causes et d’effets naturels, c’est-à-dire de rapports invariables entre les choses données ; le jour où, au lieu de se demander quelle est la puissance supra-sensible qui produit les phénomènes considérés isolément et pourquoi elle les produit, il s’est demandé quel est le phénomène de la nature d’où dépend celui qu’il s’agit d’expliquer. Chaque progrès de la science est venu
On ne peut nier que l’idée de ce principe n’ait été le nerf de la connaissance scientifique. La science est née le jour où l’homme a conçu l’existence de causes et d’effets naturels, c’est-à-dire de rapports invariables entre les choses données ; le jour où, au lieu de se demander quelle est la puissance supra-sensible qui produit les phénomènes considérés isolément et pourquoi elle les produit, il s’est demandé quel est le phénomène de la nature d’où dépend celui qu’il s’agit d’expliquer. Chaque progrès de la science est venu