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M. de Bouillon, qui ne la voulut point remettre sur le tapis, parce qu’il avoit reconnu de bonne foi en deux ou trois occasions que mes sentimens étoient raisonnables sur ce sujet, tourna tout court, et il me dit « Ne contestons point. Supposé qu’il ne se faille point servir du peuple dans cette-conjoncture, que faut-il faire ? quel est votre avis ? Il est bizarre et (1 extraordinaire lui répliquai-je. Le voici nous ne pouvons empêcher la paix, sans ruiner le parlement par le peuple ; nous ne saurions soutenir la guerre par le peuple, sans nous mettre dans la dépendance de l’Espagne ; nous ne saurions avoir la paix avec Saint-Germain, que nous ne consentions à voir le Mazarin dans le ministère. » M. de Bouillon, qui, avec la physionomie d’un bœuf, avoit la perspicacité d’un aigle, ne me laissa pas achever. « Je vous entends, me dit-il ; vous voulez laisser faire la paix, et vous voulez en même temps n’en pas être. — Je veux faire plus, lui répondis-je, car je m’y veux opposer mais de ma voix seulement, et de celle des gens qui voudront bien hasarder la même chose. Je vous entends encore, reprit M. de Bouillon voilà une grande et belle pensée. Elle vous convient, elle peut même convenir à M. de Beaufort mais elle ne convient qu’à vous deux. Si elle ne convenoit qu’à nous deux, lui repartis-je, je me couperois plutôt la langue que de la proposer. Si vous voulez jouer le même personnage que nous, et si vous ne croyez pas le devoir, celui que nous jouerons ne vous conviendra pas moins, parce que vous vous en pourrez accommoder. Je suis persuadé que ceux qui persisteront à demander, pour condition de {{tiret|l’accommo|dément,}}
M. de Bouillon, qui ne la voulut point remettre sur le tapis, parce qu’il avoit reconnu de bonne foi en deux ou trois occasions que mes sentimens étoient raisonnables sur ce sujet, tourna tout court, et il me dit « Ne contestons point. Supposé qu’il ne se faille point servir du peuple dans cette-conjoncture, que faut-il faire ? quel est votre avis ? Il est bizarre et extraordinaire lui répliquai-je. Le voici nous ne pouvons empêcher la paix, sans ruiner le parlement par le peuple ; nous ne saurions soutenir la guerre par le peuple, sans nous mettre dans la dépendance de l’Espagne ; nous ne saurions avoir la paix avec Saint-Germain, que nous ne consentions à voir le Mazarin dans le ministère. » M. de Bouillon, qui, avec la physionomie d’un bœuf, avoit la perspicacité d’un aigle, ne me laissa pas achever. « Je vous entends, me dit-il ; vous voulez laisser faire la paix, et vous voulez en même temps n’en pas être. — Je veux faire plus, lui répondis-je, car je m’y veux opposer mais de ma voix seulement, et de celle des gens qui voudront bien hasarder la même chose. Je vous entends encore, reprit M. de Bouillon voilà une grande et belle pensée. Elle vous convient, elle peut même convenir à M. de Beaufort mais elle ne convient qu’à vous deux. Si elle ne convenoit qu’à nous deux, lui repartis-je, je me couperois plutôt la langue que de la proposer. Si vous voulez jouer le même personnage que nous, et si vous ne croyez pas le devoir, celui que nous jouerons ne vous conviendra pas moins, parce que vous vous en pourrez accommoder. Je suis persuadé que ceux qui persisteront à demander, pour condition de {{tiret|l’accommo|dément,}}