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des pères du socialisme contemporain, le célèbre agitateur allemand Lazsalle, étaie son système d’attaque contre l’industrialisme moderne sur la théorie du salaire, sur cette fameuse ''loi d’airain'', corollaire fatal, selon lui, des formules de Turgot, de Smith et de Ricardo : « A quiconque vous parle de l’amélioration du sort des travailleurs, écrit-il à ses adhérens, vous devez poser avant tout la question s’il reconnaît ou s’il ne reconnaît pas ''la loi d’airain''. S’il ne la reconnaît pas, vous devez dès l’abord vous dire que cet homme, ou bien veut vous tromper, ou qu’il est d’une lamentable inexpérience dans la science économique. Car il n’y a, dans l’école libérale même, pas un seul économiste ayant un nom qui ait contesté cette loi. Adam Smith comme Say, Ricardo comme Malthus, Bastiat comme J.-S. Mill, sont unanimes à en reconnaître la vérité. Il y a sur ce point un accord complet parmi tous les hommes de la science. Et si votre interlocuteur qui vous entretient de la situation des ouvriers a, une fois, sur votre demande, reconnu cette loi, alors posez-lui cette autre question : Comment veut-il triompher de cette loi ? Et s’il ne sait rien répondre, tournez-lui tranquillement le dos ; c’est un babillard vide, qui veut, avec des phrases creuses, vous tromper et vous éblouir vous-mêmes ou se tromper et s’éblouir soi-même <ref> ''Offenes Antwortschreiben'', p. 10.</ref>. »
des pères du socialisme contemporain, le célèbre agitateur allemand Lassalle, étaie son système d’attaque contre l’industrialisme moderne sur la théorie du salaire, sur cette fameuse ''loi d’airain'', corollaire fatal, selon lui, des formules de Turgot, de Smith et de Ricardo : « À quiconque vous parle de l’amélioration du sort des travailleurs, écrit-il à ses adhérens, vous devez poser avant tout la question s’il reconnaît ou s’il ne reconnaît pas ''la loi d’airain''. S’il ne la reconnaît pas, vous devez dès l’abord vous dire que cet homme, ou bien veut vous tromper, ou qu’il est d’une lamentable inexpérience dans la science économique. Car il n’y a, dans l’école libérale même, pas un seul économiste ayant un nom qui ait contesté cette loi. Adam Smith comme Say, Ricardo comme Malthus, Bastiat comme J.-S. Mill, sont unanimes à en reconnaître la vérité. Il y a sur ce point un accord complet parmi tous les hommes de la science. Et si votre interlocuteur qui vous entretient de la situation des ouvriers a, une fois, sur votre demande, reconnu cette loi, alors posez-lui cette autre question : Comment veut-il triompher de cette loi ? Et s’il ne sait rien répondre, tournez-lui tranquillement le dos ; c’est un babillard vide, qui veut, avec des phrases creuses, vous tromper et vous éblouir vous-mêmes ou se tromper et s’éblouir soi-même <ref> ''Offenes Antwortschreiben'', p. 16.</ref>. »


Le question des antécédens théoriques vaut, on le voit, la peine d’être approfondie, car, à tort ou à raison, des démonstrations classiques, habilement interprétées ou exagérées, servent d’assises aux doctrines les plus dangereuses. L’économie politique qui prêche la paix sociale est employée à la déchirer, et les maîtres qui, en la fondant, croyaient travailler à une œuvre de concorde, sont invoqués comme alliés par les pires destructeurs de notre système économique. C’est dans cette situation qu’un bon nombre d’écrivains impartiaux, chercheurs consciencieux de la vérité, apercevant la gravité des corollaires déduits de la théorie du salaire, ont repris récemment le sujet à sa source, et tenté d’éprouver à nouveau, par une analyse rigoureuse, la doctrine dite classique. Appliquant à cette partie de la science, la pensée de Rossi, qu’après avoir bénéficié de leurs découvertes, « il importe de signaler les erreurs des hommes célèbres, car l’autorité de leur nom pourrait jeter leurs disciples dans de fausses voies, » ils ont recherché dans les traités des maîtres les formules inexactes ou imparfaites dont on s’est, depuis, fait une arme contre nos institutions industrielles. En France, à la suite d’un travail critique très hardi, un publiciste qui est parmi les plus autorisés et les plus écoutés, M. P.
Le question des antécédens théoriques vaut, on le voit, la peine d’être approfondie, car, à tort ou à raison, des démonstrations classiques, habilement interprétées ou exagérées, servent d’assises aux doctrines les plus dangereuses. L’économie politique qui prêche la paix sociale est employée à la déchirer, et les maîtres qui, en la fondant, croyaient travailler à une œuvre de concorde, sont invoqués comme alliés par les pires destructeurs de notre système économique. C’est dans cette situation qu’un bon nombre d’écrivains impartiaux, chercheurs consciencieux de la vérité, apercevant la gravité des corollaires déduits de la théorie du salaire, ont repris récemment le sujet à sa source, et tenté d’éprouver à nouveau, par une analyse rigoureuse, la doctrine dite classique. Appliquant à cette partie de la science, la pensée de Rossi, qu’après avoir bénéficié de leurs découvertes, « il importe de signaler les erreurs des hommes célèbres, car l’autorité de leur nom pourrait jeter leurs disciples dans de fausses voies, » ils ont recherché dans les traités des maîtres les formules inexactes ou imparfaites dont on s’est, depuis, fait une arme contre nos institutions industrielles. En France, à la suite d’un travail critique très hardi, un publiciste qui est parmi les plus autorisés et les plus écoutés, M. P. {{tiret|Leroy-Beau|lieu}}