« Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/91 » : différence entre les versions

Kiobhai (discussion | contributions)
 
(Aucune différence)

Dernière version du 11 novembre 2019 à 13:53

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans les bâtiments qui formaient et séparaient les cours du palais ; de toutes parts retentissaient l’explosion de la mousqueterie et le choc des armes.

Enfin, la populace fondit, avec tout l’avantage de sa masse, sur les entrées du château : elle y pénétra, elle y porta le carnage. Les corridors, les appartements, les moindres réduits, furent arrosés de sang et encombrés de cadavres. La cruauté des assassins épuisa sur leurs victimes tous les genres de tortures.

La populace, toujours atroce quand elle triomphe, fit à peine grâce à quelques-uns des habitants ou employés du château. La mort frappait de toutes parts. Un grand nombre de soldats suisses, traînés à la place de grève, y furent massacrés : On égorgea, dans leurs logis, les Suisses des portes. La plume se refuse à décrire les outrages infâmes qu’exercèrent des hommes, et même des femmes, sur les cadavres des victimes. Ces barbaries ne suffiront pas à la rage du peuple : plusieurs logements dépendant du château furent pillés ou brûlés. La maison de M. de la Borde[1], ancien

  1. Benjamin de la Borde, premier valet de chambre favori de Louis XV, puis fermier général, qui cultiva les beaux-arts et les lettres et mourut sur l’échafaud en 1794, était un ami personnel de Hüe.