« Page:Cicéron - Œuvres complètes, Garnier, 1850, tome 2.djvu/121 » : différence entre les versions

AkBot (discussion | contributions)
Pywikibot touch edit
m →‎top : typo, scanilles, remplacement: M. Annius → {{M.|Annius}}, an → au
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
accusation de péculat ; qu’il songe alors à ces chefs ennemis qu’il a mis en liberté pour de l’argent ; qu’il voie ce qu’il pourra répondre an sujet de ces hommes substitués à leur place et gardés dans sa maison ; qu’il cherche un moyen de guérir le coup mortel que lui a porté notre accusation et plus encore son propre aveu ; qu’il se souvienne que, dans la première action, effrayé par les cris d’indignation et de haine du peuple romain, il confessa qu’il n’avait pas fait frapper de la hache les chefs de pirates, et qu’il craignait qu’on ne l’accusât de les avoir relâchés pour de l’argent ; il faudra bien qu’il avoue, ce qu’on ne peut nier, que lui, simple particulier, a, depuis son retour à Rome, gardé, sains et saufs dans sa maison, tant que je l’ai laissé faire, des chefs de pirates ; et si, dans ce jugement du crime de lèse-majesté, il prouve qu’il lui a été permis d’agir ainsi, moi, je lui accorderai qu’il n’a fait que son devoir. Qu’il échappe encore à ce danger, je cours aussitôt où m’appelle depuis longtemps le peuple romain, car le peuple romain pense, et avec raison, que c’est à lui de juger les crimes contre la liberté et la cité romaine. Que cet homme écrase par son crédit les tribunaux de sénateurs, qu’il échappe à travers les enquêtes de tous les magistrats, qu’il se dérobe à votre sévérité : croyez-moi, il sera retenu par des liens plus forts que ceux qu’il aura rompus. Le peuple romain en croira ces chevaliers qui, déjà cités devant vous comme témoins, ont déposé que cet homme avait, sous leurs yeux, fait mettre en croix un citoyen romain, bien que ce citoyen eût donné pour caution des hommes honorables. Les trente-cinq tribus en croiront M. Annius, homme d’une autorité si imposante et d’une si haute illustration, lequel a déclaré qu’en sa présence un citoyen romain avait été frappé de la hache. On écoutera un de nos premiers citoyens, un chevalier romain, L. Flavius, qui a déposé que son ami Hérennius, négociant venu d’Afrique, fut frappé de la hache à Syracuse, malgré les réclamations de plus de cent citoyens romains qui le défendaient en versant des larmes. On ne doutera pas de la bonne foi, de l’autorité et de la conscience de L. Suétius, personnage doué de tous les genres de mérite, qui a attesté devant vous, avec serment, qu’une multitude de citoyens romains, jetés dans les carrières par l’ordre de ce barbare, avaient péri de mort violente. Lorsque, grâce à la faveur du peuple romain, je plaiderai cette cause du haut de la tribune, je ne crois pas qu’aucune force puisse arracher le coupable au jugement du peuple, ni que je puisse moi-même, dans mon édilité, offrir un spectacle plus magnifique et plus satisfaisant.
accusation de péculat ; qu’il songe alors à ces chefs ennemis qu’il a mis en liberté pour de l’argent ; qu’il voie ce qu’il pourra répondre au sujet de ces hommes substitués à leur place et gardés dans sa maison ; qu’il cherche un moyen de guérir le coup mortel que lui a porté notre accusation et plus encore son propre aveu ; qu’il se souvienne que, dans la première action, effrayé par les cris d’indignation et de haine du peuple romain, il confessa qu’il n’avait pas fait frapper de la hache les chefs de pirates, et qu’il craignait qu’on ne l’accusât de les avoir relâchés pour de l’argent ; il faudra bien qu’il avoue, ce qu’on ne peut nier, que lui, simple particulier, a, depuis son retour à Rome, gardé, sains et saufs dans sa maison, tant que je l’ai laissé faire, des chefs de pirates ; et si, dans ce jugement du crime de lèse-majesté, il prouve qu’il lui a été permis d’agir ainsi, moi, je lui accorderai qu’il n’a fait que son devoir. Qu’il échappe encore à ce danger, je cours aussitôt où m’appelle depuis longtemps le peuple romain, car le peuple romain pense, et avec raison, que c’est à lui de juger les crimes contre la liberté et la cité romaine. Que cet homme écrase par son crédit les tribunaux de sénateurs, qu’il échappe à travers les enquêtes de tous les magistrats, qu’il se dérobe à votre sévérité : croyez-moi, il sera retenu par des liens plus forts que ceux qu’il aura rompus. Le peuple romain en croira ces chevaliers qui, déjà cités devant vous comme témoins, ont déposé que cet homme avait, sous leurs yeux, fait mettre en croix un citoyen romain, bien que ce citoyen eût donné pour caution des hommes honorables. Les trente-cinq tribus en croiront {{M.|Annius}}, homme d’une autorité si imposante et d’une si haute illustration, lequel a déclaré qu’en sa présence un citoyen romain avait été frappé de la hache. On écoutera un de nos premiers citoyens, un chevalier romain, L. Flavius, qui a déposé que son ami Hérennius, négociant venu d’Afrique, fut frappé de la hache à Syracuse, malgré les réclamations de plus de cent citoyens romains qui le défendaient en versant des larmes. On ne doutera pas de la bonne foi, de l’autorité et de la conscience de L. Suétius, personnage doué de tous les genres de mérite, qui a attesté devant vous, avec serment, qu’une multitude de citoyens romains, jetés dans les carrières par l’ordre de ce barbare, avaient péri de mort violente. Lorsque, grâce à la faveur du peuple romain, je plaiderai cette cause du haut de la tribune, je ne crois pas qu’aucune force puisse arracher le coupable au jugement du peuple, ni que je puisse moi-même, dans mon édilité, offrir un spectacle plus magnifique et plus satisfaisant.


VI. Qu’on mette donc tout en œuvre : désormais, juges, personne, dans cette cause, ne peut faillir qu’à vos propres risques. Quant à moi, on sait quelle conduite j’ai tenue jusqu’ici ; on doit connaître alors, on doit prévoir celle que je tiendrai dans la suite. J’ai montré mon zèle pour la république dès l’instant où j’ai fait revivre une ancienne coutume depuis longtemps négligée ; où, à la prière des alliés et des amis du peuple romain, qui d’ailleurs me sont attachés par des liens particuliers, j’ai déféré à votre justice le plus audacieux des hommes. Cette conduite a été si approuvée par les personnages les plus distingués et les plus illustres, parmi lesquels se trouvaient plusieurs d’entre vous, qu’un ancien questeur de Verrès, devenu son ennemi, malgré de justes sujets de plaintes, n’a point été
VI. Qu’on mette donc tout en œuvre : désormais, juges, personne, dans cette cause, ne peut faillir qu’à vos propres risques. Quant à moi, on sait quelle conduite j’ai tenue jusqu’ici ; on doit connaître alors, on doit prévoir celle que je tiendrai dans la suite. J’ai montré mon zèle pour la république dès l’instant où j’ai fait revivre une ancienne coutume depuis longtemps négligée ; où, à la prière des alliés et des amis du peuple romain, qui d’ailleurs me sont attachés par des liens particuliers, j’ai déféré à votre justice le plus audacieux des hommes. Cette conduite a été si approuvée par les personnages les plus distingués et les plus illustres, parmi lesquels se trouvaient plusieurs d’entre vous, qu’un ancien questeur de Verrès, devenu son ennemi, malgré de justes sujets de plaintes, n’a point été