Souvenirs poétiques de l’école romantique/Promenade a travers la lande

Souvenirs poétiques de l’école romantique 1825 à 1840Laplace, Sanchez et Cie, libraires-éditeurs (p. 195-196).

PROMENADE À TRAVERS LA LANDE

fragment


« Terre, Terre, ô combien tes entrailles sont belles !
Et ton flanc abondant ! Heureuses mes prunelles
À qui tu laisses voir en toute intimité
La source et les secrets de ta fécondité !
Bienheureux mes regards, heureuses mes oreilles,
Que ravissent des voix en douceurs non pareilles,
Les merveilleuses voix des êtres qu’en ton sein

La nature façonne avec sa belle main,
Et qui chantent après, dans leur joie infinie,
Des actions de grâce et l’hymne de la vie ! »
— Je m’écriais ainsi de bonheur radieux,
Et mes regards ardents attachés sur les cieux.
Quand je les rabattis, je ne vis dans les plaines
Que des buissons épars et l’ombre des grands chênes,
Et les calmes rayons du croissant argentin
Me venaient d’un limpide et sauvage lointain,
Et noire monde allait, dans sa couche moelleuse,
S’endormant sous les veux de sa belle veilleuse.